Il y a actuellement un unanimisme incroyable, délirant même par rapport à cette révolution citoyenne qui se propose de déloger « Gaa3 » le régime avec le sourire. Et comme c'est avec le sourire, même les caciques du régime les plus détestés veulent rejoindre ce mouvement. Il reste seulement le clan Bouteflika pour qu'enfin on se rejoigne comme des amoureux et qu'on s'embrasse sur la bouche comme les russes. Mais quand on va dans les réseaux sociaux et particulièrement dans Facebook cet unanimisme se lézarde, car nous n'avons pas appris à discuter, débattre et faire la pédagogie de nos idées durant toute cette période de médiocrité que nous a imposé ce régime par médias interposés. Le débat n'a jamais existé sauf en 1988-1989. La plupart du temps c'est un monologue fait par quelqu'un qu'on ne connaît pas ou qu'on connaît trop bien. Ce monologue, très bien réussi par quelques caméléons et boosté par un animateur orienté et envahissant, loin de nous inviter, nous oblige à zapper pour aller ailleurs sur des chaines qui maîtrisent la gestion des débats, des documentaires ou des divertissements. Le problème c'est que lorsque nous zappons nous n'allons pas dans la même direction, les francophones vont suivre France 2, 3, 5 Tfi, la 6 et les arabophones porteront leur dévolu sur El Djazira, El Arabia, Iqra, le groupe MBC, Nessma et El Magharibia. Concrètement avec nos chaines l'Algérien devient presque inculte, frustré il observe les mensonges qui s'imposent à lui, chez lui, grâce à une télé qu'il a chèrement payé pour l'emmerder. Avec le temps, notre population se trouve prise dans des cultures et des idéologies qu'elle va intégrer patiemment et de façon insidieuse jusqu'à épouser les valeurs des chaines qu'elle regarde régulièrement. Une infime minorité s'affranchit dans des émissions scientifiques ou elle apprend et rencontre l'ingéniosité des ingénieurs, des constructeurs et des scientifiques. Alors qu'elle est parfois analphabètes ou de niveau moyen, cette catégorie d'Algériens s'exclue, à bon escient, de l'idéologie des langues ou des religions, puisque seul compte la découverte et l'astuce qui leur est présentée. Quand ces diverses catégories d'Algériens se rencontrent par l'écrit sur les réseaux sociaux et notamment sur Facebook, elles se mettent en ordre de bataille avec, en background, des cultures et/ou des idéologies différentes qui s'expriment avec leur propres modes, modèles, valeurs. Ajouté au fait que la plupart des Algériens ne lisent pas ou ne lisent pas beaucoup, pour de multiples raisons et qu'à l'école, le collège, le lycée et l'université la formation ne repose pas sur l'interactivité et les bonnes méthodes de construction de l'élève et de l'étudiant alors, et c'est tout à fait normal au regard de ce qui précède, les Algériens ne débattent pas avec un argumentaire pointu et recherché mais se livrent une bataille sans merci. Ce n'est pas au jeu d' »Echec et Mat « qu'ils jouent, car ce jeu impose la réflexion, mais au jeu de « dames ». Et souvent dans le pseudo débat, les internautes se positionnent dans la ligne principale pour barrer la route aux adversaires et tirent à boulets rouges sur ceux qui sont contres. Les mots sont utilisés sans que soit pris en compte leur définition. Quand à l'argumentaire il s'efface souvent devant l'invective. Certains font preuve de pédagogie mais ils vous envoient souvent vers une documentation difficilement accessible et parfois contestable. Comme le régime, tout le monde à raison devant tous ceux qui ont tord et ceux qui ont tord sont ceux qui n'épousent pas nos thèses ou sont contre nous. Le raccourci est simple mais efficace car souvent l'interlocuteur baisse les armes et discrètement il abandonne la partie. Les sujets les plus explosifs sont ceux que la constitution a, selon ses rédacteurs, réglés de façon définitive. Ils figurent dans les articles 1 à 4 de la constitution. Si l'article 4 a connu une loi organique ces sujets rassemblent tous les tabous et toutes les contestations. L'Algérie, c'est quoi en fin de compte. Un pays, qui fait la fierté de ses habitants, qui a un espace égal à 12 pays Européens, dont 2 pays sont membres du conseil de sécurité, qui font vivre plus de 400 millions d'habitants alors que nous-mêmes nous n'arrivons pas à faire vivre, décemment pour ne pas dire dignement, 40 millions d'habitants. C'est aussi un pays Musulman, qui a besoin que l'article 2 de la constitution le souligne de façon singulière. Et c'est un pays qui a deux langues : l'arabe et Tamazight, mais dont la constitution ne dit pas s'il est arabe ou tamazight. Le problème de l'identité traverse même le mouvement puisque ça et là nous voyons deux drapeaux. Avec en sus le drapeau Palestinien, qui veut peut être nous rappeler « notre » arabité ? Le mouvement citoyen est un véritable raz le bol des citoyens et certains insistent pour dire que c'est le mouvement du peuple. Citoyens ou Peuple ? Le citoyen a besoin seulement de droits et de devoirs, le peuple a besoin de vision, or qu'en est-il vraiment ? Si la question identitaire reste posée doit-on d'abord la traiter ou l'évacuer ? Et si l'islam est la religion de l'Etat pourquoi alors ces débats, ces disputes, ces invectives, ses rejets dans les réseaux sociaux ? Nous voulons que le système dégage « Gaa3 », mais sommes nous en mesure de nous entendre sur l'essentiel, sur l'important et l'accessoire ? Pouvons nous établir et accepter que le débat sur les questions identitaires et religieuses se fasse le plus vite possible ou qu'il soit reporté le plus loin possible ? Les 12 pays Européens, et à notre flanc certains pays arabes dont les émirats, dominent ou sont en voie de dominer toutes les activités importantes d'une nation. La monnaie, l'éducation, la technologie, l'agriculture et bien d'autres aspects de l'excellence, alors que nous nous n'arrivons pas encore à intégrer la diaspora dans nos agendas. Nous avons actuellement une chance unique pour nous reprendre et faire partie des sociétés influentes dans ce monde. Notre pays a été ligoté par des lois vicieuses et rétrogrades conçus par des primaires, des vicieux et des incultes qui ont fini par créer une société bloquée et un système malade. Nous n'avons pas le droit de nous éparpiller dans toutes les directions combien même elles sont importantes, ce qui est fondamental et stratégique c'est de commencer à détricoter toutes les lois pour en faire des instruments de la liberté, de la dignité, de l'efficacité et de l'excellence. Le reste, tout le reste est accessoire. Car dans ce système abject ce n'est pas seulement une question d'hommes mais une affaire de méthodes et de vision.