Présent depuis lundi 2 janvier 2012 à Tripoli dans le cadre d'une visite diplomatique visant à promouvoir les relations et les partenariats entre les deux pays voisins, Moncef Marzouki déclare que « les citoyens des pays du Printemps arabe, conscients que l'Islam est la solution, ont favorisé l'ascension des islamistes au pouvoir » et d'ajouter que « c'est pour cette raison que les islamistes ont remporté les élections en Tunisie, au Maroc et en Egypte ». M. Marzouki a affirmé que les programmes des partis islamistes au pouvoir, en Tunisie, en Egypte ou au Maroc, « sauvegardent les libertés et les acquis dont jouissent les peuples arabes, notamment, en ce qui concerne, les droits de la femme et son importance dans la société ». Lors de cette visite, le président provisoire de la République a également insisté sur « l'importance du respect de la victoire des islamistes », qui ne doit pas être remise en cause « sous peine de voir se répéter un incident à l'Algérienne dans les années 90» et d'ajouter : «si les Algériens avaient accepté les résultats des votes, le pays n'aurait pas sombré dans la violence et les bains de sang ». Frôlant par cette dernière déclaration un incident diplomatique avec ce pays voisin. Au lendemain même de la déclaration du président tunisien, Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, a rappelé, sur une radio algérienne sur un ton des plus inhabituels, les lignes rouges à ne pas dépasser dans les relations avec l'Algérie, tout en insistant sur le fait qu'elle “n'a pas de leçons à recevoir” de quiconque. “L'Algérie est souveraine, elle n'a pas au cours de la décennie noire reçu d'aide d'aucune partie. Elle est aujourd'hui en mesure de partager son expérience avec les autres, mais elle n'a pas de leçons à recevoir”, a lancé le ministre des Affaires étrangères, lors de son intervention dans l'émission “L'invité de la rédaction” de la radio Chaîne III. Les journaux algériens ont rebondi sur l'affaire et ne semblent pas apprécier que la première visite officielle du président tunisien ait eu lieu en Libye. L'Algérie devant être « la première destination du chef de l'Etat, selon la tradition diplomatique en vigueur entre les deux pays », comme paru dans un article du quotidien algérien « Tout sur l'Algérie », notamment. Dans cet article, l'Algérie déplorerait « la marque d'ingratitude » commise par « le nouvel homme fort de la Tunisie » qui « n'en finit pas de multiplier les petits affronts envers son voisin algérien ». Tout en déclarant que «pour sa première visite à l'étranger en tant que chef de l'Etat tunisien, il [NDLR : Moncef Marzouki] choisit donc la Libye, et non le « grand voisin », le « grand frère », la « grande puissance régionale » que l'Algérie entend continuer à représenter. Rappelons qu'au cours de cette même visite, Moncef Marzouki a affirmé que de prochaines visites sont également prévues pour le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie, et ce, dans le but de donner un nouveau souffle au projet de l'Union du Maghreb Arabe qui constitue, selon lui, « une occasion historique pour promouvoir les relations entre les peuples de la région ». On notera qu'une réunion de l'Union du Maghreb arabe est prévue pour la fin du mois de février au Maroc et que l'on s'attend à une visite du président algérien Abdelaziz Bouteflika la semaine prochaine à Tunis pour le premier anniversaire de la Révolution. On sera vraiment fixés sur la position algérienne officielle avec cette visite.