Introduction. Le vaste complot impérialiste contre le monde arabo-musulman est sur le point de triompher : tous les pays arabes sont maintenant normalisés, c'est à dire qu'ils obéissent au schéma tracé par les Américains depuis 67 ans (Le pacte américano-saoudien du Quincy date du 14 février 1945, voir notre opinion dans La Presse du 15/11/2011 : Pétrole et islamisme), élimination des régimes nationalistes et anti-impérialistes, implantation de régimes islamistes amis, condominium américano-israélien sur toute la région. Trois pays continuent cependant de résister : la Syrie, l'Algérie et l'Iran ; les seuls qui, aujourd'hui, sauvent l'honneur des Arabo-musulmans. Afin d'illustrer cette introduction, j'invite le lecteur à lire les extraits d'une interview récente d'Henry Kissinger, célèbre politologue et diplomate juif américain. Source: Alfred Heinz «http://www.dailysquib.co.uk/index.php.news=3089» «Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations, contrôlez la nourriture et vous contrôlez le peuple» Kissinger, déclare : «Nous avons dit aux militaires que nous aurions à prendre plus de sept pays du Moyen-Orient pour leurs ressources et ils ont presque terminé leur travail.... Le dernier tremplin, c'est à dire l'Iran, va vraiment faire pencher la balance. Combien de temps la Chine et la Russie pourront-elles se contenter de regarder l'Amérique nettoyer ? Le grand ours russe et la faucille chinoise seront réveillés de leur sommeil et c'est à ce moment qu'Israël va devoir se battre de toutes ses forces et avec toutes ses armes pour tuer autant d'Arabes qu'elle le peut. Nous avons espoir que, si tout va bien, la moitié du Moyen-Orient sera aux israéliens....N'oubliez pas, les Etats-Unis ont les meilleures armes, nous avons des choses qu'aucune autre nation n'a, et nous utiliserons ces armes quand le moment sera venu. La guerre à venir sera si grave qu'une seule superpuissance pourra gagner, et ce sera nous autres». La guerre des sunnites contre les chiites : depuis onze mois, les puissances occidentales et leurs alliés arabes conduisent une entreprise de déstabilisation de la Syrie. Plusieurs milliers de mercenaires se sont infiltrés dans le pays. Recrutés par des officines de pays du golfe au sein des milieux extrémistes sunnites, ils sont venus renverser «l'usurpateur alaouite» Bachar el-Assad et imposer une dictature d'inspiration wahhabite. Ils disposent du matériel militaire le plus sophistiqué, incluant des systèmes de vision nocturne, des centraux de communication, et des robots de combat urbain. Soutenus en sous main par les puissances de l'OTAN, ils ont en outre accès aux renseignements militaires indispensables, notamment des images satellites (fournies par l'Otan et la CIA) des déplacements des troupes syriennes, et des interceptions téléphoniques.Quand on veut noyer son chien, on l'accuse de la rage : à chaque fois que les impérialistes veulent contrôler un pays arabo-musulman récalcitrant, c'est-à-dire n'obéissant pas au doigt et à l'œil aux USA, la propagande médiatique fait état de situations d'urgence. Des populations civiles seraient directement menacées par des « tyrans inhumains» pour justifier auprès de leur propre opinion des interventions militaires directes ou indirectes, au nom des droits de l'homme. Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Bachar El-Assad...étaient des amis fréquentables qu'on invitait quelques années auparavant, quand les intérêts impérialistes le réclamaient. Ils deviennent, en peu de temps, des « fous sanguinaires » (tandis que les amis-tyrans de toujours, les Moubarak ou Ben Ali, on les soutient jusqu'au bout, sans parler bien sûr des « grands démocrates » du Qatar ou d'Arabie Saoudite). Oui, “aider” comme ils l'ont fait en Irak qu'ils ont transformé en un champ de ruines ! L'Irak où ils sont responsables de la mort de millions de personnes ! L'Irak que leur “ingérence humanitaire” a plongé dans une crise et une désolation qui n'ont jamais existé sous Saddam, le supposé dictateur assassiné un jour de l'aïd ! “Aider” comme ils l'ont fait en Afghanistan, transformé en terre de pavot, de pauvreté et de terrorisme. C'est ce qui a été réalisé aussi avec la “révolution libyenne” : chaque jour apporte son lot d'affrontements armés entre bandes ou entre tribus. Plusieurs médias occidentaux, dont le Canard Enchaîné, ont révélé que leurs pays ont envoyé des agents (CIA, MI6, DGSE, BND...) pour soutenir et former les terroristes islamistes déguisés en “révolutionnaires” ou en “déserteurs”. Il aura suffi que ces services secrets occidentaux mettent en scène un fantoche «Conseil national syrien», avec pour président un professeur de la Sorbonne et pour porte-parole la maîtresse de l'ancien patron de la DGSE (l'équivalent français de la CIA) pour que des «terroristes» deviennent des «démocrates». En un tour de main, le mensonge est devenu vérité médiatique. Les personnes enlevées, mutilées et assassinées par la Légion wahhabite sont devenues, dans la presse, des victimes du tyran. Les conscrits de l'armée arabe syrienne, de toutes confessions confondues (sunnites, alaouites, chrétiens, druzes, etc.), qui défendent leur pays face à l'agression sectaire sunnite sont devenus des soldats alaouites opprimant leur peuple. La déstabilisation de la Syrie par des étrangers est devenue un épisode du «Printemps arabe». L'Emir du Qatar et le Roi d'Arabie Saoudite, deux monarques absolus qui n'ont jamais organisé d'élections nationales dans leurs pays et embastillent les contestataires, qui écrasent dans le sang et le silence complice la révolte populaire à Bahreïn, sont devenus des chantres de la révolution et de la démocratie. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui viennent de tuer 160 000 Libyens en violation du mandat qu'ils avaient reçu du Conseil de sécurité, sont devenus des philanthropes responsables de la protection des populations civiles. .Le veto sino-russe : cependant cette mascarade a été mise en échec, pour le moment, avec le double veto russe et chinois du 4 février 2012. L'OTAN et ses alliés ont été sommés de cesser le feu et de se retirer, au risque d'assumer une guerre régionale, voire mondiale. Suite à cela, le département d'Etat US a informé l'opposition syrienne en exil qu'elle ne devait plus compter sur une aide militaire US. Comprenant qu'ils ont trahi leur pays pour rien, les membres du Conseil national syrien sont partis en quête de nouveaux sponsors. Selon la chaîne satellitaire israélienne Canal 10, un membre du Conseil national syrien en Turquie, a adressé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu, appelant Tel Aviv à intervenir militairement en Syrie afin de renverser le régime de Bachar al Assad. Il a, en effet, déclaré sur Canal 10, où il est apparu avec un visage camouflé, que « l'intérêt d'Israël est de renverser le régime syrien, qui travaille pour le compte de l'Iran, du Hezbollah et de Hamas » ! Il a souligné que « ne pas renverser le régime syrien mènera à la victoire de l'Iran et mettra en exécution sa menace d'éradiquer Israël et d'exterminer le peuple juif ». Par ailleurs, selon les déclarations d'un membre de la Knesset, Yitzhak Herzog, il existe de nombreux contacts entre les représentants du Conseil national syrien d'Istanbul et les responsables israéliens. Ingérence étrangère : deux poids, deux mesures En Occident, toute opposition armée est combattue par l'Etat avec force et désignée comme terroriste : IRA, ETA, FLNC corse, Brigades rouges, PKK turc...Lorsque Kadhafi a été accusé d'aider l'IRA ou l'ETA, il a été mis au ban des nations occidentales. Les combattants du PKK kurde sont considérés comme terroristes quand ils luttent contre la Turquie, alliée de l'Occident. Les mêmes terroristes sont considérés comme combattants de la liberté lorsqu'ils sont soutenus par Israël contre Saddam ou contre l'Iran. Il en est de même des combattants d'Al-Qaïda : lorsqu'ils sont alliés aux Américains (contre les Russes en Afghanistan, contre Kadhafi en Libye, contre Assad en Syrie) , ils ont le titre de combattants de la liberté; lorsqu'ils combattent l'impérialisme américano-sioniste, ils sont taxés de terroristes (World Trade Center en 2001, Afghanistan et Pakistan en ce moment). Pourquoi donc les terroristes qui sèment la mort en Syrie sont-ils soutenus, armés, équipés et entraînés par ce même Occident au mépris de toutes les lois internationales sur le terrorisme et sur l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays libre ? Pourquoi plusieurs pays de l'Otan soutiennent-ils militairement et logistiquement ces mercenaires alors que la délégation de la Ligue arabe était encore sur place pour vérifier les informations relatives aux supposés massacres perpétrés par l'armée et la police syriennes ? Ces révélations ne laissent aucun doute sur les intentions de ces pays dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne veulent pas le bien de la nation arabe. Aujourd'hui, ces pays occidentaux se découvrent soudainement des vertus altruistes à travers cette “ingérence humanitaire” qui veut cacher la nouvelle face de l'impérialisme version XXIe siècle. Par quel miracle l'impérialisme peut-il se transformer en saint et nous vouloir du bien aujourd'hui ?