Brahim Younessi L'Arabie Saoudite était, jusqu'en 2009, le premier producteur mondial de pétrole. Il se classe actuellement à la seconde place avec 9,713 millions de barils par jour contre 10,032 millions de barils par jour pour la Russie. Riyad ne va pas tarder à reprendre la tête des pays producteurs avec l'augmentation d'au moins de 2 millions de barils par jour que la monarchie saoudienne envisage de réaliser pour couvrir la demande à la suite de l'embargo que l'Europe a décrété contre le pétrole iranien. Cette position saoudienne de fournir tout le pétrole nécessaire en cas d'embargo exaspère les dirigeants iraniens qui ont mis en garde l'Arabie Saoudite contre les conséquences de cet acte jugé hostile. Il y a quelques années, une telle situation aurait exigé une réunion dans les plus brefs délais de l'Organisation des pays producteurs de pétrole [OPEP] dont l'Arabie Saoudite et l'Iran sont deux membres fondateurs. L'Arabie Saoudite qui conteste à l'Iran le leadership dans la région du Golfe, n'est pas peu satisfaite des démêlés de son voisin shiite dont elle redoute la puissance militaire. Sans doute encouragés, comme toujours, par Washington, les Saoudiens les plus opposés à la République islamique d'Iran poussent à la radicalisation contre Téhéran. L'on s'attend, dans les prochains mois voire les prochaines semaines à un accroissement de la tension entre les deux pays, au fur et à mesure que l'échéance de l'embargo imposé par l'Europe s'approche. La destruction, d'une manière ou d'une autre, du potentiel économique et militaire de l'Iran, après que celui de l'Irak eut été anéanti, ferait de l'Arabie Saoudite la seule « puissance » dans le Golfe. Avec sa position stratégique, ses réserves pétrolières, sa production et ses exportations, Riyad compte jouer un rôle encore plus grand sur la scène moyen orientale voire internationale, et se placer non seulement comme un interlocuteur incontournable mais comme un passage obligé pour le règlement de la question palestinienne. La rivalité saoudienne à l'égard de Téhéran sur les plans militaire et idéologique notamment, est considérée en Israël, dans le contexte actuel, comme une alliance tacite entre les deux pays. L'Arabie Saoudite aurait même donné, il y a à peine deux ans, « son accord implicite au gouvernement israélien, selon le Sunday Times, pour un survol de son territoire dans l'hypothèse de frappes contre l'Iran. » Une attaque contre l'Iran, au cas où Téhéran fermerait le détroit d'Ormuz, ferait l'affaire du prince Bandar Ben Sultan, le plus proche allié d'Israël en Arabie Saoudite et l'un des plus virulents adversaires de l'Iran. Ce prince qui n'a pas cessé de faire parler de lui, avait, ces derniers mois, tenté de recruter plusieurs milliers de mercenaires pakistanais, indonésiens et malais pour réprimer les manifestations qui ont touché le royaume saoudien et pour contenir la révolte à Bahrein dont l'Iran était accusée d'avoir fomentée. Le prince Bandar Ben Sultan ne manquera pas de pousser à la fermeté et à la radicalisation face à l'Iran, quitte à provoquer la guerre. Les Américains et les Israéliens savent que les Saoudiens, très nerveux, attendent leur intervention militaire.