Ira, ira pas ? Depuis le 10 février 2010, il semble acquis que Renault installera une usine en Algérie, comme Le Monde l'annonçait. Mais voilà, deux ans après, toujours rien. Si ce n'est une annonce, revenant de manière cyclique de la part du gouvernement algérien pour faire pression sur le constructeur français, de la fin des "négociations" et la signature d'un protocole d'accord entre Renault et l'Etat algérien au sujet de l'installation d'une usine. Une sorte de "running gag", rappelant l'arrivée du métro, qui a mis trente ans à être lancé... Pourtant, Reuters, vendredi 27 avril, en est cette fois sûr. Selon une source industrielle, citée par l'agence, "un accord devrait être officialisé début mai". Renault ne confirme pas et se contente d'admettre que des négociations sont toujours en cours. "Une annonce en mai serait peu probable", relativise un bon connaisseur du dossier. Reste qu'en coulisse, pas mal de questions, très politiques, semblent difficiles à régler. "PRODUIRE AU PLUS PRÈS D'OÙ L'ON VEND" En premier lieu, alors que Renault entend s'installer dans la banlieue d'Alger (à Rouiba, le site de l'ancienne usine de camions Berliet), le gouvernement a cherché à l'exiler à Jijel, à 360 km à l'est d'Alger. Cette station touristique dispose d'un très faible tissu industriel. Pour Mohamed Benmeradi, le ministre de l'industrie, l'arrivée de Renault permettrait un équilibre entre les régions en matière d'investissements. Mais Renault reste rétif à cet argument. "Nous nous sommes fixés pour règle à Renault, expliquait en février un cadre du groupe, de produire au plus près d'où l'on vend. De même, nous souhaitons trouver des ressources humaines nécessaires pour notre usine." La future usine algérienne n'aura pas la même mission que le site de Tanger, au Maroc, inauguré en février. "A Tanger, nous produisons avant tout pour exporter. C'est l'esprit de l'accord avec le gouvernement marocain, rappelait ce responsable. En Algérie, nous n'avons pas l'ambition d'exporter, c'est une usine prévue pour le marché local." Ce nouveau site aurait ainsi une capacité de 75 000 véhicules par an, contre 400 000 véhicules par an pour Tanger. Le marché algérien, avec 400 000 véhicules par an, est l'un des plus gros marchés automobiles d'Afrique. Un marché dont la marque au losange détient environ 25 %. "Pour Renault, un tel marché peut justifier une usine", rappelait cet interlocuteur. D'autant que, pour l'instant, les Renault et Dacia vendues sur place subissent une importante taxe d'importation. Au-delà des demandes de Renault, il semble que le gouvernement algérien ait eu du mal à gérer correctement les négociations, comme l'explique La Tribune. "La gestion du projet Renault a été confiée à des bureaucrates qui ne connaissent rien à l'automobile, explique un proche du dossier. L'entêtement des négociateurs algériens de s'occuper de la commercialisation des voitures produites en Algérie illustre cette méconnaissance de l'industrie automobile et de l'indécision du gouvernement algérien."