A croire les différents échos, Renault semble déterminé à ne pas "lâcher le morceau" et à mettre à profit les différents avantages qu'offre l'Algérie en matière de construction mécaniques, à l'instar de son expérience héritée de l'essor industriel des années 70. A cela s'ajoutent les coûts réduits de la main d'œuvre, la disponibilité des matières premières et la disponibilité d'une assiette foncière pour un projet d'une telle taille dans un milieu urbain comme a tenu à l'exiger le constructeur. Les Français, connus pour leur "fine bouche", ont pris très au sérieux et avec beaucoup d'intérêt les attentes de la partie algérienne. Prétendant, dans le début de son offre, à un monopole quasi-total sur le marché algérien du véhicule, Renault a fini par céder sur nombre de points dans l'offre initiale, entre autres l'interdiction, une fois "roulera le premier véhicule produit en Algérie", de l'importation d'autres marques par le gouvernement algérien, ce qui est s'éloigne démesurément de la réalité du marché algérien d'automobiles. En effet, avec un objectif de production de 75 000 véhicules par an pour un marché d'une capacité d'absorption de 200 000 véhicules, l'usine Renault qui s'était proposée de livrer ses véhicules au marché algérien d'ici 2012 ne pourrait pas, c'est clair, couvrir les besoins du marché !La partie algérienne qui, elle, semble se sentir en mesure d'être plus exigeante notamment après l'offre réconfortante de Volkswagen, est résolue à ne pas refaire les erreurs du passé. "Nous attendons effectivement de l'investissement, mais pas seulement pour monter une usine de montage de véhicules", indiquera, à ce propos, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, Mohamed Benmeradi, lundi dernier. Un transfert de savoir-faire, création de richesses et un apport réel à l'économie nationale, sont, entre autres, les attentes de la partie algérienne, ce qui est, d'aucun ne dira le contraire, très légitime. Le journal Les Echos a rapporté, à ce sujet, que "les négociations entre les deux parties pour l'implantation d'une usine dans la banlieue d'Alger progressent bien". La poursuite des négociations sera marquée par une nouvelle rencontre devant se tenir en janvier pour affiner le dossier. Les Autorités algériennes ont déjà donné un signe d'acquiescement, rappelons-nous, en qualifiant d'"acceptables" les propositions du constructeur après avoir rejeté la première version. Selon Les Echos, le terrain avait été en partie "déblayé" fin novembre, lors d'une visite à Alger de l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial de l'Elysée. Les modèles envisagés devraient notamment porter sur les Logan, Sandero (deux véhicules pour l'instant réalisés en Roumanie et au Maroc) et la Symbol, une version tricorps de la Clio actuellement importée de Turquie, croit savoir le journal selon lequel Renault deviendrait ainsi "le premier constructeur significatif dans le pays". Le site de fabrication est déjà prévu à Rouiba, dans l'ancienne usine de camions Berliet, aujourd'hui propriété de la Société nationale de véhicules Industriels (SNVI), qui assemble des bus et des camions, est-il ajouté. Pour Renault, il s'agirait d'un "retour par la grande porte" après une longue parenthèse : dès 1959, à l'époque de l'Algérie française, la marque avait décidé de créer l'usine Caral (Construction des automobiles Renault en Algérie) pour assembler ses modèles sur place. "Renault cherche continuellement à développer ses ventes à l'international, particulièrement dans les pays à forte croissance. Le Groupe étudie donc constamment la possibilité de produire des véhicules localement sur ces marchés", dira M. David Valerian qui confirme, en outre, qu'il y a des "discussions entre le Groupe et le gouvernement algérien concernant l'éventualité de produire localement des véhicules", signalant qu'à "l'heure actuelle, ces discussions n'ont pas encore abouti". Une question mérite d'être posée. Combien pourrait coûter une Renault algérienne ? D'autant que l'usine Renault Algérie ne tolère que 40 % de taux d'intégration, chose qui impactera forcément sur le coût de revient.