Des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de sécurité sur la place Tahrir au Caire, se sont poursuivis ce lundi, le nombre de morts atteignant 33 et faisant des centaines de blessés, selon Al-Jazeera. Dans la pire des violences depuis l'éviction de Moubarak, les policiers tentent de repousser les manifestants de la place Tahrir, utilisant des gaz lacrymogènes, des matraques, et selon les manifestants, des tirs à balles réelles. Les manifestants ont répliqué avec des pierres et des blocs de béton, et ont jusqu'ici résisté aux tentatives violentes de la police de les déloger de la place Tahrir. Le ministre égyptien de la Culture, Ghazi Abu Emad a présenté sa démission dimanche soir en réponse à la réaction violente des forces de sécurité face aux protestations. Des vidéos et des photos sur les réseaux Youtube et Twitter montrent aujourd'hui des tirs de gaz lacrymogènes et des affrontements sporadiques sur la place. Des vidéos de YouTube montrent la police frappant les manifestants avec des bâtons, les tirant par les cheveux, et dans un cas, jetant ce qui semblait être un cadavre sur des tas de détritus. Aucune de ces vidéos ou images ne peuvent être vérifiés de façon indépendante. Les manifestants pro-démocratie sont retournés ce vendredi à la place Tahrir - point de ralliement pour la révolution qui a renversé l'ancien autocrate Hosni Moubarak - dressant un camp pour défendre une révolution détournée par les militaires au pouvoir. Les islamistes et les militants laïques ont uni leurs forces pour protester contre un projet de constitution qui protégerait l'armée égyptienne de tout contrôle parlementaire, donnant aux forces armées un pouvoir extraordinaire. « Le peuple veut le renversement du maréchal [actuelle chef Mohamed Hussein Tantawi] », scandaient les manifestants. « Je ne veux pas Tantawi ... je reste ce soir », a déclaré ce lundi matin Ayman Ramadan, un employé en saisie de données. Le Conseil suprême des Forces armées (SCAF), dirigé par Tantawi, a assumé la direction intérimaire de l'Egypte après la démission de Moubarak, et il semble resserrer son emprise sur le pouvoir. Le SCAF a renouvelé en septembre les lois d'urgence tant détestées, et a réprimé les journalistes dissidents, les militants et les blogueurs, allant jusqu'à mettre en prison le célèbre blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah. Des milliers de civils continuent à être jugés devant des tribunaux militaires, ce qui alimente le ressentiment contre les militaires. L'armée a annoncé leur intention de reporter les élections présidentielles en 2013, provoquant la colère des militants pro-démocratie qui y voient une tentative du SCAF de consolider son pouvoir. Les manifestants réclament le transfert du pouvoir du SCAF à un gouvernement civil, et la tenue d'élections présidentielles au plus tard en avril 2012. Des élections parlementaires sont prévues à partir du 28 novembre prochain.