Les nouvelles conditions d'approvisionnement du marché en produits de première nécessité et la hausse des cours des matières premières sur le marché international et la spéculation sont à l'origine de la forte hausse des prix de certains produits alimentaires notamment le sucre et l'huile, estiment vendredi les professionnels de cette filière. Les mesures introduites ces derniers jours par certains opérateurs économiques intervenant dans la transformation, notamment l'exigence du chèque et d'autres documents se rapportant à la fiscalité sur les activités des commerçants "ont modifié les règles du jeu, créant des dysfonctionnements dans la chaîne de distribution", indique un communiqué de l'Association de la filière algérienne des oléagineux (AFAO). Ces mesures se sont traduites par "des problèmes de disponibilité des produits et conséquemment par une hausse non maîtrisée des prix", selon l'association qui estime qu'"il n'y avait aucune urgence en la matière" surtout pour le paiement par chèque pour les montants qui dépassent les 500.000 DA. L'application de cette mesure devrait intervenir au mois d'avril prochain. Pour les produits de première nécessité, l'association estime qu'"il est absolument indiqué d'agir de manière ordonnée et progressive pour éviter toute mauvaise interprétation pouvant constituer une source de perturbation de marché". Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a attribué, jeudi lors d'une réunion avec des opérateurs économiques et des transformateurs, cette crise à ces nouvelles conditions imposées aux grossistes et détaillants. Selon des milieux proches des grossistes, ces nouvelles mesures portent sur la fourniture par les détaillants (aux grossistes et transformateurs) de documents sur leurs activités, notamment le registre de commerce, l'achat par facture, et leur bilan comptable (comptes sociaux), ainsi que l'utilisation du chèque pour les paiements de marchandises. Pour remédier à ce genre de hausses de prix, un membre de cette association a suggéré l'introduction par l'Etat d'une aide pour soutenir le prix des produits de première nécessité dés que ces derniers atteignent un certain seuil. A titre d'exemple, l'Etat peut fixer un seuil de 130 DA pour le litre d'huile et intervenir pour payer la différence pour les opérateurs économiques dès que le prix dépasse ce seuil, a-t-il illustré. Une réduction des impôts et taxes peut également constituer une solution pour le future, mais ses effets ne seront ressentis que dans deux à trois mois, selon la même source. Contacté par l'APS, le dirigeant de Cevital, M. Issad Rebrab, principal producteur de ces deux matières sur le marché algérien, a critiqué directement les réseaux de distribution qui, selon lui, sont à l'origine de cette hausse "inexpliquée". M. Rebrab a, à ce propos, affirmé que des grossistes se sont précipités à augmenter les prix de ces produits, après qu'"il leur a été imposé de nouvelles conditions d'approvisionnement tel que l'utilisation de chèque pour le paiement". Selon lui, ces grossistes ont procédé à des hausses inexpliquées pour anticiper un éventuel manque à gagner que pouvait engendrer un redressement fiscal de ces commerçants de gros. Cevital n'a procédé à aucune augmentation de ses produits, car elle produit actuellement à partir des stocks qu'elle avait déjà réalisés, a-t-il avancé, mais, sans préciser ni la durée de l'épuisement de ces stocks, ni les conséquences qui en découleront sur la structure des prix. Le patron de Cevital a plaidé pour la baisse de la TVA, (actuellement 17%), la suppression de la taxe sur l'activité professionnelle (2%) et l'institution d'un taux de change bonifié pour les opérateurs importants des produits de première nécessité. De même, l'institution d'un taux de change bonifié du dinar par rapport au dollar pour certains produits de première nécessité contribuerait à baisser cette tension des prix.