Les autorités égyptiennes ont rejeté mercredi les appels de la communauté internationale pour une transition immédiate du pouvoir dans le pays, alors que de violents affrontements se sont produits dans la journée entre les manifestants au centre du Caire. L'Egypte refuse les appels à une transition immédiate du pouvoir, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Hossam Zaki, en réaction aux appels répétés en ce sens de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis. "Ce que disent des parties étrangères sur +une période de transition commençant immédiatement+ en Egypte est refusé", a souligné M. Zaki, estimant que cela "vise à enflammer la situation intérieure en Egypte". La communauté internationale a multiplié, ces derniers jours, les appels au président égyptien Hosni Moubarak à agir le plus vite possible pour réaliser la "transition" politique et calme vers la démocratie demandée, et répondre à la volonté des manifestants qui exigent son départ. Le président américain Barack Obama notamment a souligné à M. Moubarak qu'une transition politique pacifique et calme devait débuter "maintenant" en Egypte. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pour sa part appelé le président égyptien à agir "le plus vite possible" pour réaliser la "transition" politique demandée par les manifestants. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a souligné de son côté qu'un "calendrier précis de transition politique serait la seule option pour satisfaire les revendications du peuple égyptien". Le président égyptien avait prononcé mardi un discours dans lequel il a annoncé sa non-candidature à un nouveau mandat présidentiel et l'amendement de certains articles de la constitution relatifs aux conditions de la candidature à la présidentielle. Ces "concessions" n'ont pas persuadé les manifestants déterminés à accentuer la pression pour conduire le chef de l'Etat à partir, au milieu d'appels à de nouvelles manifestations vendredi, appelé la journée du +du départ+. Les Frères musulmans (opposition) ont rejeté le maintien de Moubarak jusqu'à la prochaine présidentielle en septembre, en soulignant que "le peuple refuse toutes les mesures partielles proposées hier par la tête du régime, et n'accepte pas d'alternative au départ". Malgré les appels contre ces mesures présidentielles, trois partis d'opposition, les partis Wafd, Al Tajamoua, et al Naciri ont toutefois accepté de participer à un dialogue national avec le gouvernement. Réagissant par ailleurs aux troubles en Egypte depuis neuf jours, l'Espagne a exprimé son souhait de voir de "vraies réformes, avec des changements en profondeur", engagées dans ce pays. "L'annonce faite mardi par le président Moubarak, de ne pas se présenter aux prochaines élections, a représenté un pas en avant", a estimé la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez. Mais, a-t-elle souligné, "maintenant il doit faire des réformes qui doivent être perçues par la population en général et par les principaux acteurs politiques et sociaux comme de vraies réformes avec des changements en profondeur". Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a émis le vœu que le changement politique en Egypte se fasse "rapidement, efficacement et pacifiquement", notant que les manifestants égyptiens ont exprimé "un appel fort" à la démission du président Hosni Moubarak, "pour la restauration de la stabilité et de la paix et le retour à une vie normale". Quant au ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, il a souhaité "une transition vers une Egypte démocratique, pluraliste et stable". Le Premier ministre canadien Stephen Harper a aussi appelé à un processus de transition politique "pacifique" dans ce pays, appelant toutes les parties égyptiennes à "œuvrer étroitement pour assurer une transition disciplinée et ainsi éviter une transition chaotique, émaillée de violences, et marquée par l'instabilité et l'extrémisme".