Dynamique, joyeuse, le regard pétillant, Samia, une Algérienne de 24 ans, semble décidée à tenir son pari, un rêve d'enfance en voie de réalisation: être disc-jockey (DJ) de "circonstance" ne lui sied pas, elle aspire à devenir une professionnelle, autrement dit monter sur les scènes des clubs et autres discothèques. Rares sont les Algériennes, la plupart s'octroyant indûment le titre de "DJ", qui font dans le véritable mixage des musiques, se limitant à l'animation des fêtes familiales où les femmes n'osent pas se déhancher en présence d'hommes, généralement par "pudeur". Faisant exception, DJ Samia, passionnée de techno, de la house et de la musique tectonique, a choisi de se lancer dans une carrière de vrai disc-jockey. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si Samia revendique pleinement le titre de "DJ", elle n'en n'a pas pour autant le look comme on pourrait l'imaginer: chez elle, point de casquette vissée sur la tête, de pantalon jeans genre fans de musique électronique et encore moins de "piercing". Rencontrée par l'APS lors d'un concert dans une salle de spectacle algéroise, les prestations de Samia n'ont rien à envier à celles de ses collègues hommes. Elle enchaîne scratch et mixages avec brio, au grand bonheur des amateurs des ambiances rythmées non-stop, tous très jeunes venus la découvrir. Mais en attendant les "vraies scènes", comme elle dit, pour y déployer tout son art, notre DJ se contente pour l'heure d'animer des anniversaires et quelques soirées dans des centres de vacances durant l'été, sans bouder son plaisir, faisant même contre mauvaise fortune bon cœur, ces occasions représentant pour elle "autant d'exercices à capitaliser". Affairée devant sa table de mixage, cette jeune femme, dont l'apparence "sage" jurerait presque avec un métier de scène aussi énergique et rapide, fait montre d'une dextérité étonnante. Baladant avec aisance ses doigts sur la console, les yeux tournés tantôt vers sa collection de disques, tantôt vers le public, DJ Samia entraîne les mordus de danse dans un univers de décibels, amplifiés par les boumeurs des baffles. Pour cette DJ pas comme les autres, tant elle ne répond aux canons des "reines" des boîtes de nuit d'ailleurs, le choix de devenir DJ lui a été presque dicté par sa passion pour la musique. Encouragée par son entourage Samia affirme avoir été toujours attirée par les musiques aux tempos rapides, qu'elles soient étrangères ou locales. D'ailleurs, elle ose le mixage de sonorités aussi éloignées que le S'taïfi, le A'llaoui ou le Raï et les genres plus tendance comme la Techno ou la House. Encouragée par son entourage, Samia, une native d'Alger, a mis toutes ses capacités dans l'acquisition du matériel nécessaire pour un DJ, soit une console de mixage et un double lecteur CD. Pour la manipulation de ce matériel d'apparence compliquée, elle apprend sur le tas, dit-elle simplement. "J'aime la musique rythmée. J'aime aussi mettre de la bonne ambiance et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de me lancer dans cette aventure, sachant que de DJ rime plutôt avec garçon, mais ce métier correspond à mon tempérament", dit-elle avec un sourire en coin qui en dit long sur sa détermination. Consciente de la "difficulté" de s'imposer dans le monde des boîtes de nuit, DJ Samia qui aspire à sortir un album, affiche sa volonté d'aller jusqu'au bout de son rêve et d'inscrire son nom parmi les célèbres disc-jockeys algériens, comme DJ Nassim ou DJ Mehdi. "Mon but c'est de me retrouver face à une immense piste de danse dans un night-club où je pourrai enfin m'éclater en mettant le feu par les mixages que je prépare moi même", dit-elle juste avant d'entrer sur scène. L'assistance, de très jeunes gens pour la plupart, présente à ce concert s'est abandonnée à la danse, sans accorder une attention particulière au fait que le DJ qui a réussi à les faire bouger est une femme, pourvu que l'ambiance soit au rendez-vous. DJ Samia réserve la majeure partie de son temps au mixage des musiques en sélectionnant des morceaux variés en fonction de sa sensibilité et de son inspiration. Le plus important pour elle est de réussir à concocter un programme musical qui fera de la scène "un espace de bonheur partagé".