En février de cette année, les admissions pour malnutrition aiguë sévère ont bondi de plus de 27 % par rapport au même mois de l'année dernière. «En un seul mois cette année, plus de 38 enfants de moins de cinq ans ont été admis pour des soins d'urgence chaque jour», selon la représentante de l'Unicef au Bangladesh.Les enfants du plus grand camp de réfugiés au monde connaissent les «pires niveaux de malnutrition » depuis le déplacement massif qui s'est produit en 2017. La malnutrition resserre son étau sur les enfants des camps de réfugiés rohingyas au Bangladesh, « la crise du financement de l'aide risque de devenir une crise de la survie de l'enfant » dans ce pays d'Asie du Sud. Il y a sept ans, le 25 août 2017, quelque 700 000 hommes, femmes et enfants rohingyas ont été contraints de fuir le Myanmar et de chercher protection au Bangladesh. Depuis l'afflux s'est poursuivi. Par ailleurs plus de 500 000 enfants vivent dans les camps de Cox's Bazar. Plus de 15 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition un seuil d'urgence. Une tragique vie des enfants ou « plusieurs crises cumulées». Il s'agit d'abord de la mousson de 2024, qui a duré un mois de plus que d'habitude, aggravant les conditions d'insalubrité et provoquant une recrudescence des maladies infantiles telles que les diarrhées sévères, les épidémies de choléra et de dengue, qui alimentent encore la malnutrition. Deuxièmement, l'escalade de la violence à la frontière a déplacé encore plus de familles, qui sont donc plus nombreuses à chercher refuge dans les camps. Les réductions intermittentes des rations alimentaires au cours des deux dernières années, qui ont contraint les familles à survivre avec de maigres régimes. Or, cette accumulation de crises survient dans un contexte de « crise mondiale du financement de l'aide », qui oblige les agences humanitaires à envisager des mesures urgentes pour préserver l'accès aux éléments essentiels de la vie – suffisamment de nourriture pour survivre, de l'eau propre, des traitements médicaux pour les enfants dangereusement malades. C'est dans ce contexte que les rations alimentaires fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont atteint un point critique depuis le mois de février. Selon l'agence onusienne basée à Rome, sans financement immédiat, les rations pourraient bientôt être réduites à moins de la moitié, soit 6 dollars par mois, un montant qui est loin de répondre aux besoins nutritionnels de base. «Les femmes enceintes et les mères qui allaitent, ainsi que leurs enfants en bas âge, seraient parmi les plus vulnérables aux conséquences de cette situation. L'effet de contagion sur les enfants est rapide et mortel ». Pour l'agence onusienne, toute nouvelle baisse de l'aide humanitaire risque de pousser les familles dans un « désespoir extrême». Elle pourrait également aggraver les tensions et l'instabilité dans les camps déjà surpeuplés, mais aussi créer « une catastrophe » qui non seulement aggraverait leurs souffrances, mais rendrait aussi plus difficile le travail et l'aide des humanitaires. Face à cette crise mondiale du financement de l'aide, l'UNICEF est déterminé à rester et à agir pour les enfants. Mais sans un financement garanti et durable, des services essentiels sont menacés. L'UNICEF lance donc un appel à tous les donateurs pour qu'ils maintiennent leur soutien à son travail essentiel en faveur des enfants. « Jusqu'à présent, cette communauté a survécu grâce à la solidarité de la communauté humanitaire internationale. Mais aujourd'hui, la crise du financement de l'aide risque de devenir une crise de la survie de l'enfant ».