L'ancien secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), M. Abdelhamid Mehri, s'est dit convaincu mardi à Alger qu'il existait, dans la société algérienne et au sein du pouvoir en place, "une ferme volonté de changement". Lors d'une conférence de presse, animée au siège du parti du Front des forces socialistes (FFS), M. Mehri a mis en évidence les multiples actions entreprises dans le sens du changement, citant notamment l'exemple de "la levée des restrictions sur la liberté d'expression" et l'amorce d'un débat national sur cette perspective stratégique. Il a d'autre part affirmé son soutien aux initiatives engagées, à plusieurs niveaux, par la société algérienne pour contribuer à ce débat national "par la voie pacifique et pour réaliser une transformation radicale et sereine". M. Mehri a ajouté que la lettre ouverte qu'il avait adressée récemment au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, contenait une "méthodologie" destinée à engager un "débat national" sur toutes les initiatives déjà exprimées visant à réaliser un changement démocratique sans heurts, affirmant que sa propre initiative de saisir le chef de l'Etat n'était "pas dictée d'en haut". "La revendication de changer le système de gouvernance ne vise pas une personne, un parti, une institution ou une génération tout entière et ne signifie pas non plus un règlement de compte personnel avec qui que ce soit", a-t-il insisté. Pour lui, le pays "a grandement besoin d'un changement de système de gouvernance pour faire face aux défis internes et externes, à la faveur d'une évaluation de son parcours depuis l'indépendance", a-t-il dit. L'intervenant a, par ailleurs, appelé à des concertations entre les différentes forces politiques et autres parties influentes sur la scène politique, en prévision de la tenue d'un Congrès national devant aboutir, a-t-il dit, à "un consensus sur le contenu de ce changement et ses mécanismes". "Je suis pour le changement et non pas pour le renversement du régime en place", a-t-il clamé. Après avoir salué les réalisations accomplies depuis l'indépendance, M. Mehri a relevé qu'il existait toutefois "beaucoup de lacunes qu'il faut rattraper dans le cadre du changement escompté". Toujours au sujet de la lettre qu'il avait adressée au président de la République, M. Mehri a justifié son initiative par le fait que le chef de l'Etat "est un acteur important dans tout processus de changement" et que le changement ne peut venir des personnes mais d'un "grand débat national". Il a justifié sa demande d'un amendement de la Constitution par le fait, que depuis l'indépendance, "le régime n'est pas régi, à son avis, par des textes mais par des pratiques et des comportements qui dans la plupart du temps, sont plus importants que les textes". L'ancien responsable du FLN a cité comme illustration le fait qu'aucun nouveau parti n'a été agréé depuis 1999. Revenant sur certaines déclarations selon lesquelles il œuvrait, de concert avec M. Aït Ahmed, pour une coordination politique avec le chef de l'Etat, M. Mehri a estimé qu'il s'agissait d'une "parodie" et le reflet d'une "analyse erronée", rappelant qu'il avait de tous temps affiché "clairement" ses positions politiques, même dans les moments difficiles, notamment lors de la grave crise qu'a connue le pays dans les années 1990. S'agissant de l'unité maghrébine, M. Mehri a assuré qu'une telle unité ne pouvait se concevoir "sans un changement démocratique au sein des systèmes des Etats membres" de l'Union. "La question sahraouie n'est pas l'obstacle (à la construction maghrébine) mais c'est la manière dont elle traitée qui l'est", a-t-il considéré. Parlant des derniers évènements qui ont secoué et secouent encore la région du Maghreb, l'intervenant dira qu'ils étaient "inattendus" mais qu'ils résultaient d'une "grande tension" ressentie chez les peuples auxquels il transmet sa "solidarité".