Le Front des forces socialistes n'est ni pour ni contre une révision de la loi fondamentale, même s'il réserve sa préférence pour l'Assemblée constituante. “Toutes les Constitutions ne sont pas appliquées et chaque chef d'Etat s'est taillé une Constitution sur mesure”, a déclaré hier Karim Tabou, porte-parole du FFS, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de son parti. Selon lui, les “vraies questions” sont ailleurs et concernent “la possibilité des Algériens de participer à la décision politique, économique et sociale”. “Si révision il y a, les partis politiques et la presse auront tout à gagner en donnant la parole à ceux qui n'ont pas le droit de parler”, a affirmé le responsable, précisant que son parti plaide pour “l'ouverture des espaces d'expression et des débats de fond”. Critique vis-à-vis du “despotisme” et de “la domination absolue” du pouvoir, M. Tabou a, cependant, fait remarquer que le FFS “a cessé d'avoir un regard exclusif vers le pouvoir”, privilégiant le “regard permanent vers ce qui se passe dans la société”. “Les histoires de l'avant et de l'après-Bouteflika ne sont pas importantes pour nous”, a-t-il indiqué. Il a aussi fait le point sur la rencontre de dimanche dernier avec la délégation du Parti socialiste français (PS), conduite par son premier secrétaire, François Hollande, en visite à Alger à l'invitation du parti FLN. Le conférencier a annoncé qu'outre le SG et des militants du FFS, Abdelhamid Mehri et d'autres “représentants de la société civile” ont pris part à cette réunion. “Nous avons dit à la délégation que nous comprenons la volonté légitime de la France et du PS de normaliser leurs rapports avec l'Algérie. Nous leur avons dit que nous nous interrogeons sur leur évaluation du processus politique en Algérie, alors que nous constatons le paroxysme du verrouillage du champ politique, l'extinction totale de la vie publique et une répression sociale sauvage”, a soutenu M. Tabou, non sans citer les “interrogations de fond” sur ces “cohabitations” entre l'Internationale Socialiste (IS) et des partis maghrébins et arabes qui “n'ont pas contribué à la démocratisation des régimes de ces pays”. Interrogé sur la position du PS sur l'éventuelle adhésion du parti de Belkhadem à l'IS, le porte-parole du FFS a répondu : “Chaque parti a le droit d'introduire une demande d'adhésion à l'IS (…). Mais, on ne risque pas de déloger le FFS ni les valeurs de l'IS. De plus, les relations entre le FFS et le PS sont très fortes.” M. Tabou a toutefois marqué ses distances par rapport au parti FLN actuel. “Nous partageons des valeurs avec le FLN historique, qui était pour la fondation d'un Etat démocratique et social. Aujourd'hui, nous sommes devant un FLN issu d'un coup d'Etat”, a-t-il noté, en ajoutant : “C'est suffisant pour dire qu'il y a contradiction entre le parti FLN et l'IS.” H. Ameyar