La situation en Libye s'aggrave davantage en raison de la poursuite des bombardements contre les positions de l'opposition armée, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit de nouveau mercredi pour examiner la possibilité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne dans ce pays. Dans l'est de la capitale Tripoli, quatre personnes ont été tuées dans des bombardements intenses menés par les forces loyales au dirigeant Maâmar El-Gueddafi sur la ville de Misrata, au 28e jour de la révolte populaire dans ce pays, selon des médias qui citent un porte-parole de l'opposition. Appuyées par l'aviation et une vingtaine de chars, "les forces d'El-Gueddafi ont attaqué Misrata, aux mains de l'opposition. Les bombardements ont fait quatre morts, dont deux civils, et dix blessés", a précisé le porte-parole. Malgré les attaques intenses des troupes du régime sur Misrata, "la ville reste toujours sous le contrôle des opposants armés", a-t-il affirmé, alors que plusieurs familles ainsi que des étrangers fuyaient depuis mardi l'est du pays par crainte d'être victimes des attaques des troupes loyalistes en route vers Benghazi, fief de l'opposition armée. Plusieurs familles libyennes passent lentement le poste-frontière égyptien de Salloum, à travers lequel des milliers de personnes avaient fui les combats dans l'est libyen, il y a un mois. "J'ai peur, parce qu'on entend beaucoup de choses à la télévision et on ne sait pas vraiment ce qui se passe", a expliqué un Libyen, au lendemain de l'annonce par l'armée d'un assaut "imminent" sur Benghazi. Après avoir reconquis plusieurs villes aux mains des opposants armés, les troupes loyales à El-Gueddafi, appuyées par des avions de combats, se dirigeaient vers Benghazi (est), l'épicentre de la révolte populaire en Libye. "Nous somme terrifiés, c'est horrible à Ajdabiya, ma maison est détruite", a raconté à des médias une femme libyenne, expliquant être partie sans pouvoir même prendre de vêtements ou son passeport. L'armée du régime libyen a mis en garde mardi dans un communiqué contre une opération imminente contre Benghazi (est), "pour assurer la sécurité" dans la région. Les forces du régime "arrivent pour assurer votre sécurité, lever l'injustice qui vous a été faite, vous protéger, et ramener le calme et la vie normale", a ajouté l'armée dans son communiqué diffusé par la télévision publique. Ces nouveaux développements devaient être au centre mercredi d'une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui examinera une possibilité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, une "option" défavorisée par certains pays. "Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU vont consacrer une réunion pour examiner l'idée d'établir une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye", a indiqué le représentant permanent chinois auprès de l'ONU, Li Baodong, dont le pays assume la présidence du Conseil pour le mois de mars. La crise libyenne, toujours au centre des préoccupations internationales, sera au menu de la réunion de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI samedi. L'Italie, principal partenaire de la Libye, a proposé mercredi la tenue d'un sommet tripartite entre l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA) et la Ligue arabe pour examiner les modalités d'une issue politique de la crise libyenne. "Il y a de bonnes perspectives pour la tenue d'un sommet entre l'UE, l'UA et la Ligue arabe en y associant les chefs de tribus libyennes, dans les sept prochains jours pour arriver à des conclusions communes sur une sortie de crise en Libye", estime le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. Réunis mardi à Paris, les ministres des Affaires étrangères du G8 ont rejeté les demandes formulées par la France sur des sanctions militaires contre la Libye en proie aux violences, et se sont accordés pour des discussions au Conseil de sécurité de l'Onu, au terme de leur réunion entamée la veille à Paris. Des pays arabes et européens sont opposés à toute intervention militaire étrangère en Libye, insistant sur la nécessité de résoudre la crise libyenne de façon "pacifique".