Le Maroc s'apprête à vivre dimanche une nouvelle journée de manifestations pour réclamer des changements politiques en profondeur, soit tout juste un mois après les premières marches initiées par le mouvement "Jeunes du 20 février", et malgré le discours royal annonçant une révision constitutionnelle. Le maintien de ces rassemblements prévus avant l'annonce de la réforme de la loi fondamentale vise, selon les observateurs, à signifier la non satisfaction des revendications des Jeunes, lancées à travers le réseau social Facebook, soutenus par une soixantaine d'organisations politiques et de la société civile regroupées dans le Conseil marocain d'appui au Mouvement du 20 février (CNAM20). Ces marches visent également à dénoncer la forte répression qui s'est abattue sur les manifestants ainsi que les arrestations opérées au sein des "Jeunes du 20 février" notamment lors du rassemblement de dimanche dernier à Casablanca, ajoute-on. En réaction à cette répression qui a causé des dizaines de blessés et conduit à une centaine d'arrestations l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a appelé les autorités marocaines à éviter toute violence lors des manifestations de dimanche et à respecter le droit des manifestants à exprimer leurs opinions et revendications. Les "Jeunes du 20 février" ont appelé mercredi à une participation massive aux manifestations pacifiques dimanche en réitérant leurs principales revendications notamment une "nouvelle constitution démocratique émanant du peuple et dont la rédaction sera confiée à une assemblée constituante élue démocratiquement", "la démission du gouvernement" et "la dissolution du parlement". Ils réclament également la mise à l'écart des symboles de la corruption et des crimes économiques et leur comparution devant une instance judiciaire indépendante, la libération des détenus politiques et d'opinion parmi eux des militants de leur mouvement. Ils revendiquent également la démocratisation de la presse publique, la liberté de la presse et l'officialisation de la langue amazighe. Par ailleurs, des rassemblements de Marocains vivant à l'étranger sont annoncés dans plusieurs villes européennes notamment en Belgique, Hollande et France pour soutenir les revendications de changements démocratiques au Maroc. Le roi Mohammed VI du Maroc avait annoncé, le 9 mars dernier, la mise en place d'une "commission ad hoc" chargée de présenter les propositions de réforme de la constitution d'ici le mois de juin prochain avant l'organisation d'un référendum dont la date n'a pas été fixée. Il avait délimité "sept fondements majeurs" pour cette révision notamment "la séparation et l'équilibre des pouvoirs", "un parlement issu d'élections au sein duquel la prééminence revient à la Chambre des représentants (chambre basse)", le renforcement du statut du Premier ministre" et "la constitutionnalisation de l'institution du Conseil de Gouvernement". Les militants politiques et associatifs qui réclament des changements constitutionnels de fond ont critiqué ce projet soulignant que la réforme constitutionnelle proposée ne répondait pas à leurs attentes plus particulièrement l'institution de la monarchie constitutionnelle.