Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a mis en garde lundi contre les tentatives de division du pays au lendemain du limogeage du gouvernement, et après la défection de plusieurs hauts responsables pour protester contre la répression des manifestations réclamant la chute du régime. "Le peuple yéménite rejette la division et le dépeçage du Yémen", a déclaré le président Abdallah Saleh lors d'une visite au sud du Pays. Il a souligné que "les opposants, les rebelles et les membres d'Al-Qaïda veulent déstabiliser le pays et nuire à la liberté, la démocratie et à l'unité du pays". Le président Abdallah Saleh a rappelé à cette occasion avoir appelé les partis d'opposition au dialogue pour se mettre d'accord sur un amendement de la constitution et l'organisation de nouvelles élections législatives et présidentielle, mais ces derniers ont refusé. "Les protestataires veulent accéder au pouvoir par des voies non légales et irresponsables", a ajouté M. Saleh, qui s'est engagé à ne pas se représenter en 2013 pour un nouveau mandat et souligné à plusieurs reprises que les urnes étaient la seule voix permettant d'accéder au pouvoir. Cette intervention du président yéménite intervient au lendemain de son limogeage du gouvernement qu'il a chargé d'expédier les affaires courantes dans le pays. Aucune explication n'a été donnée sur les raisons de ce limogeage, mais d'après des observateurs, la décision de dissoudre le gouvernement serait liée au durcissement du mouvement de contestation et la défection de plusieurs responsables ainsi que des ministres. Plus tôt dans la journée, le gouverneur d'Aden (sud) et un haut officier de l'armée yéménite, le général Ali Mohsen al-Ahmar, ont annoncé leur démission pour protester contre la répression des manifestants à la Place de l'Université à Sanaa, au moment où des chars se sont déployés en force dans la capitale, notamment autour du palais présidentiel. Il s'agit du premier militaire de haut rang à faire défection depuis le début fin janvier du mouvement de contestation. La veille l'ambassadeur du Yémen à l'ONU Abdallah al-Saïdi a démissionné "en signe de protestation contre l'usage de la force" à l'encontre des manifestants. Cette démission a été précédée par celles de plusieurs ministres, responsables et députés, dont la ministre yéménite des droits de l'Homme, Houda al-Baan, qui a décidé de quitter le parti du Congrès populaire général (CPG au pouvoir), aux côtés due vice-ministre de la Jeunesse et des Sports Hached al-Ahmar et le ministre du Tourisme Nabil al-Faqih. En outre, 23 députés ont jusqu'à présent présenté leur démission du parti au pouvoir. Le mouvement de contestation réclamant le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh semble déterminé à faire tomber le régime en multipliant les rassemblements et les manifestations, en dépit de l'intervention des forces de sécurité avec l'implication des partisans du régime en place, faisant plusieurs morts et blessés. Vendredi, 52 personnes ont été tuées et 126 autres blessées dans des heurts entre des manifestants anti-gouvernementaux et partisans du pourvoir à l'entrée de l'Université de Sanaa, le jour le plus lourd en pertes humaines depuis le début des protestations. Des médias avaient rapporté que des tirs à balles réelles avaient été utilisés lors de ces incidents, suscitant de vives réactions dans le monde, notamment de la part du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a condamné avec force le recours aux armes, soulignant que "le gouvernement yéménite a l'obligation de protéger les civils". "J'appelle à un maximum de retenue et à mettre fin à la violence", a-t-il ajouté, en rappelant qu"'il n'y a pas d'alternative à un dialogue global portant sur des réformes politiques, sociales et économiques, pour traiter la crise politique". Ces derniers événements ont été également condamnés par Washington, l'un des partenaires du gouvernement yéménite dans sa lutte contre le terrorisme, en appelant Sanaa à autoriser les manifestations pacifiques."Je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd'hui au Yémen et appelle le président Saleh à tenir sa promesse d'autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement", a déclaré le président américain Barack Obama. Ce dernier s'est prononcé pour "un changement politique qui réponde aux aspirations des Yéménites", tout en mettant en exergue la nécessité que toutes les parties participent à un processus ouvert et transparent, ouvrant un chemin pacifique, démocratique. Se disant préoccupée par les violences et l'escalade de la situation au dans ce pays, la Russie a appelé toutes les parties au conflit à la "retenue", à la "responsabilité" et d'une approche responsable envers le destin du pays". Le Canada a, pour sa part, appelé le gouvernement du Yémen à assurer la protection des manifestants, en condamnant fermement le recours à la violence. Alors que le pays peine à maitriser la vague de contestation du régime, les attentats et les attaques contre les groupes armés, dont Al-Qaïda se poursuivent en visant les forces de sécurité et les édifices publics. La semaine dernière, cinq personnes, dont deux policiers yéménites et trois membres présumés d'Al-Qaïda, ont été tuées lors d'affrontements armés dans l'est du pays.