OUZOU- Un film documentaire titré "La 3e vie de Kateb Yacine", concourant pour la distinction "l'Olivier d'Or" du festival du film amazigh, a été visionné à la salle des fêtes éponyme de la ville d'Azeffoun (Tizi-Ouzou) où se déroule cette manifestation depuis samedi. Ce documentaire, un court métrage de 26 mn, réalisé par Brahim Hadj Slimane, écrivain-journaliste, est consacré à l'aventure théâtrale du poète et dramaturge, Kateb yacine, auteur du roman mythique "Nejma". Cette oeuvre est présentée par son auteur comme étant "un témoignage poignant post-mortem sur l'épopée théâtrale aussi belle et intense qu'inconnue". Le choix du film s'explique, selon le réalisateur, par le fait que la vie de "l'homme aux sandales de caoutchouc" se divise, arbitrairement, en trois phases, à savoir, la naissance et l'enfance de Kateb, son exil et sa création artistique, et enfin, sa troisième vie commençant depuis son retour en Algérie en 1962 jusqu'à sa mort à Grenoble (France) en 1989. Ce court métrage, projeté lundi soir, se veut être un hommage à ce monument de la littérature Algérienne contemporaine à travers des témoignages livrés dans ce film par ses compagnons de la troupe du 4ème art intitulée "Le théâtre de la mer" qu'il animait à Alger puis à Sidi Bel Abess, ville où il s'était établi après la suppression de la coopérative théâtrale qu'il avait montée au service de l'Action culturelle du ministère du Travail et de l'action sociale de l'époque, avec son ami et moudjahid feu Ali Zamoum. "Ce second exil à l'intérieur du pays, après celui qu'il avait enduré à l'extérieur, n'empêcha point Kateb Yacine d'être adopté par la population de cette ville de l'Ouest du pays où il vécut en parfaite harmonie parmi les petites gens qui l'adoptèrent rapidement pour ses qualités humaines, toutes faites de générosité et de modestie", selon un témoignage de son ami Smain, chanteur châabi qui accompagnait cette troupe théâtrale dans ses représentations. "Yacine devait également sa popularité à l'usage dans la vie courante, comme sur scène, des langues populaires qu'il considérait plus adaptées à véhiculer le message", a indiqué la même source en relevant que "cette popularité a valu à cet anti-conformiste beaucoup de démêlés avec les objecteurs de conscience de l'époque, au point où il a été éloigné de la capitale". Abordant, dans le film, la méthode de travail sur scène, de l'auteur de "Mohamed prend ta valise", une tirade consacrée à l'émigration, un autre témoin du théâtre régional de Sidi Bel Abbes, a dit, pour sa part, que Kateb Yacine a "toujours privilégié le choix des mots adaptés aux situations scéniques, tout en accordant une grande marge à l'improvisation des comédiens", pour ne pas limiter leur créativité avec des textes et des scénarii figés". Evoquant le motif l'ayant incité à réaliser ce film, l'auteur a mis en avant sa "révolte" contre le fait qu'aucune pièce théâtrale n'a été filmée, à ce jour, par la télévision nationale et qu'aucun écrit ou reportage n'a été consacré à cette prestigieuse troupe théâtrale si chère à l'auteur "Du cadavre encerclé". Enfin, cette modeste contribution est voulue par le réalisateur comme étant un appel au recueil du patrimoine littéraire et artistique de Kateb Yacine afin de faire (re) découvrir les oeuvres de cet homme de culture peu commun, ainsi que de s'occuper des comédiens "encore en vie" de la troupe théâtrale si chère au défunt. Un geste considéré comme le meilleur des hommages à rendre à son fondateur que fut Kateb Yacine, ont conclu ses compagnons de scène dans ce témoignage filmé.