Le mont Tamesguida, l'un des points culminants de la chaîne montagneuse de l'Atlas blidéen renoue avec le tourisme après avoir été déserté pendant plus d'une décennie pour des raisons sécuritaires. Depuis quelque temps, de petits groupes de citoyens, autrefois habitués, de ce lieu, reprennent le chemin qui mène vers ce sanctuaire naturel encore à l'état sauvage, pour se ressourcer et admirer le paysage féerique dont ils ont été privés durant de longues années. Des processions se forment ainsi, chaque fin de semaine, et pendant les jours ensoleillés, le long des itinéraires serpentant dans ce relief montagneux qui renferme un riche patrimoine faunistique et floristique. Ce site abrite en effet, quelque 394 espèces animales, dont une cinquantaine d'espèces protégées, mais également une diversité floristique qui englobe près de 820 plantes, parmi lesquelles des essences aux vertus médicinales avérées. Beaucoup de ces habitués, attendaient, depuis fort longtemps, cette opportunité où ils pourraient, à nouveau, errer à l'intérieur des vastes espaces verdoyants qui s'étendent sur plusieurs kilomètres. Ce rêve est désormais possible, grâce à la sécurisation des lieux mais aussi aux efforts de promotion entamés, depuis peu, par la direction du tourisme et celle des forêts, en vue de faire revivre ce lieu. A ce titre, une visite guidée a été mise sur pied récemment par la Conservation des forets de la wilaya de Médéa à l'intention des amoureux de la nature, désirant connaître le site et se réconcilier avec "dame" nature. Un préalable, a-t-on indiqué auprès des responsables de cette structure, à d'autres initiatives devant permettre de tirer le meilleur profit possible de cette diversité naturelle, tout en veillant à maintenir le parfait équilibre qui permet à cette richesse faunistique et floristique de se régénérer. Outre cette diversité naturelle, le mont Tamesguida dispose d'un autre atout de taille qui peut constituer un élément attractif susceptible de relancer le tourisme écologique dans la région et assurer des emplois et des rentrées fiscales non négligeables pour cette dernière. Le lac suspendu de Dhaia, un atout susceptible de relancer le tourisme Il s'agit, en l'occurrence du lac Dhaia, un plan d'eau naturel culminant à plus de 1000 mètres d'altitude. S'étendant sur une superficie de deux hectares, ce lac "suspendu" est entouré d'une dense végétation, englobant, entre autres espèces sylvicoles, le chêne, l'érable champêtre, l'orme, le caroubier, le pin d'Alep, l'olivier, ainsi que le genêt et le mûrier. Outre la fascination qu'il suscite chez le visiteur qui le découvre pour la première fois, l'endroit a vu naître des légendes colportées, jusqu'à nos jours, par les anciens. La plus célèbre de ces légendes, rapportée par d'anciens chroniqueurs, raconte que vers la fin du XIIe siècle, un Saint homme, dénommé Si Mohamed Bouchakour, vint s'établir dans la région de Mouzaïa, formée alors de plusieurs tribus meurtries par d'interminables guerres fratricides. Le Saint homme réussit, au bout de quelques années, à réconcilier les belligérants, réunis en conclave au pied des monts de l'Atlas blidéen. Pour les récompenser pour leur soumission, il leur promit de fertiliser leur terre, et avec sa hache, il fendit la montagne, provoquant le débordement d'un torrent impétueux qui inonda toute la vallée de la Mitidja. La rivière qui surgit fut appelée, alors, la rivière de la Guérison (Oued Chefa), puisque ses eaux avaient la vertu de guérir instantanément les blessures reçues par les combattants des différentes tribus. De retour chez eux, les représentants des tribus sollicitent, une nouvelle fois, l'aide du Saint pour fertiliser les immenses vignobles plantés dans la région. Si Mohamed Bouchakour s'installa sur le mont Tamesguida et ordonna aux différentes communautés de lui monter, chaque matin, une cruche d'eau qu'il versait sur le sommet du pic. C'est ainsi qu'est née la légende du lac suspendu de Dhaïa, dont les eaux ne tarissent jamais et restent très abondantes, même en temps de sécheresse. Le lac suspendu fût pendant longtemps un lieu de "pèlerinage" pour nombre d'habitants de la région, à la recherche d'un remède miracle ou de guérison. Durant leur voyage, les pèlerins s'adonnaient à un ancien rituel hérité de leurs aïeux qui, à l'approche de la saison des labours ou des moissons, faisaient le déplacement jusqu'au sommet de la montagne pour faire des offrandes et remplir les 500 cruches qui se trouvent à proximité du tombeau du Saint homme. Le site est devenu, après l'indépendance et jusqu'à la fin des années 1980, un coin de villégiature pour beaucoup de familles et de jeunes avides d'évasion et de tranquillité ou en quête de fraîcheur et d'air pur.