Le régime du colonel Maammar El-Gueddafi a réitéré sa disposition à ouvrir un dialogue avec les rebelles libyens s'ils déposent les armes alors que la communauté internationale a appelé à éviter de nouvelles effusions de sang et à mettre en place des couloirs humanitaires en Libye. Cible depuis le 15 février dernier d'un mouvement de contestation qui s'est mué en combats avec les rebelles, le régime libyen a, par la voix du vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm, indiqué mardi soir que les rebelles, qui réclament le départ du colonel El-Gueddafi, "doivent déposer les armes" pour qu'ils puissent "participer au processus politique". Tout en soulignant que le Conseil national de transition (CNT) formé en mars dernier par la rébellion "ne représente pas la base populaire en Libye", M. Kaïm a expliqué qu'"il y aurait des garanties pour tout processus politique par le biais d'observateurs de l'Union africaine (UA) et de l'ONU capables de dissiper tout doute". Selon ce haut responsable libyen, le prochain comité de l'UA sur la crise libyenne aura lieu en Libye "au cours de la semaine prochaine". Ce comité est composé par les chefs d'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Amadou Toumani Touré (Mali), Denis Sassou Nguesso (Congo), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Yoweri Museveni (Ouganda). En parallèle, une mission du Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit également effectuer une visite en Libye à partir du 15 avril, a ajouté la même source. Le régime libyen s'était déjà dit lundi prêt à négocier des élections ou un référendum notamment, mais qu'un départ du colonel El-Gueddafi n'était pas envisageable. Aucune réponse aux offres du régime libyen, n'a pour le moment été donnée par les rebelles qui ont, par ailleurs, accusé l'Otan de "laisser mourir les habitants de Misrata", une ville située à l'ouest de Tripoli en proie à des bombardements des forces loyales au régime depuis plus de 40 jours. En réponse à ces accusations, l'Otan, qui assure le commandement des opérations militaires depuis presqu'une semaine, a promis mercredi de protéger les habitants de Misrata. L'Otan "va tout faire pour protéger les civils de Misrata", a déclaré à la presse la porte-parole adjointe de l'Otan, Carmen Romero pour qui "Misrata est "la priorité numéro un" de l'Alliance. Par ailleurs, des bombardements se poursuivaient près du site pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), à environ 40 kilomètres d'Ajdabiya, selon les rebelles. Sur le plan international, les appels à un cessez-le-feu et au dialogue entre les protagonistes de la crise libyenne se succèdent. La Turquie, a par le biais de son ministre chargé des Affaires européennes Egemen Bagis, réitéré que la priorité "doit être un cessez-le-feu" en Libye et la mise en place de couloirs humanitaires, avant de discuter des changements politiques à effectuer à Tripoli. Ankara qui avait condamné les frappes aériennes de la coalition internationale sur la Libye, lancées le 19 mars en application de la résolution 1973 de l'ONU, a cependant accepté d'envoyer sous l'égide de l'Otan six navires de guerre au large de la Libye, pour faire respecter l'embargo sur les armes. Pour sa part, la Commissaire européenne chargée des questions d'immigration, Cecilia Malmstrom, a demandé aux Etats de l'UE de "prendre en charge les Libyens fuyant les combats" tandis que le pape Benoît XVI a lancé un appel "à toutes les parties en cause" pour "engager un travail de pacification et de dialogue et éviter de nouvelles effusions de sang". L'immigration et la situation en Libye, seront par ailleurs, au centre d'un sommet, le 26 avril à Rome, réunissant le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, selon des sources gouvernementales italiennes. L'Italie et la France ont reconnu en mars le "Conseil national de Transition" (CNT) comme seul interlocuteur légitime en Libye. Le Danemark a, quant à lui, reconnu mercredi le CNT et annoncé qu'il allait dépêcher un envoyé spécial auprès de ce conseil basé à Benghazi, dans l'est de la Libye.