La société civile européenne ne cesse d'exprimer son soutien au peuple sahraoui et à la justesse de sa cause. Ce week-end a été encore une fois l'occasion pour les Espagnols comme pour les Français d'apporter leur soutien à la lutte pacifique du peuple sahraoui pour faire valoir son droit à l'autodétermination et dénoncer la répression marocaine et ses violations perpétuelles des droits de l'Homme. Ainsi, la capitale espagnole, Madrid, a été jeudi le théâtre choisi par de nombreuses associations sahraouies de défense des droits de l'Homme pour dénoncer les graves violations de ces droits dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, alors que des partis politiques espagnols et les ambassadeurs d'Algérie et d'Afrique du Sud ont réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Intervenant sur le thème «territoires occupés et droits humains», au deuxième jour de la rencontre organisée depuis mardi dernier par les universités publiques de Madrid sur le Sahara occidental, des représentants du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'Homme (Codesa), de l'Association sahraouie de victimes de graves violations des droits humains (Asvdh) et de l'Association des familles de disparus et prisonniers sahraouis (Fapradesa) ont dénoncé tour à tour les autorités marocaines qui «poursuivent leur politique de répression contre la population sahraouie dans les territoires sahraouis, notamment depuis le déclenchement de l'intifadha». Ils ont dénoncé, dans ce sillage, les violations de ces droits, les détentions arbitraires quotidiennes ainsi que les jugements iniques et les menaces de mort contre les militants sahraouis et, partant, contre le peuple sahraoui «pour le seul fait de s'exprimer librement en faveur de son indépendance». Les défenseurs des droits de l'Homme ont été unanimes à demander la publication du rapport élaboré en 2006 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme, dénonçant au passage des pays occidentaux qui sont derrière sa non-publication. «La position [de ces pays] fait du Maroc un des pays qui ne peut pas être condamné dans le cadre de l'ONU malgré le niveau élevé et gravissime des violations des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés y compris contre le peuple marocain lui-même», a souligné M. Brahim Noumria, membre du Codesa. Une impunité dénoncée par les autres intervenants qui ont cité des exemples concrets de militaires marocains déclarés innocents et pourtant responsables de la mort sous la torture de plusieurs Sahraouis. D'autres militants des droits de l'Homme ont appelé à l'ouverture de ces territoires aux ONG internationales pour «témoigner de la violente répression qui s'abat sur le peuple sahraoui». Ces organisations ont affirmé par ailleurs la détermination des Sahraouis à poursuivre leur lutte pacifique «quel que soit le prix à payer pour défendre le droit à l'autodétermination», tout en avertissant que cette lutte «aura ses limites et que le peuple sahraoui recourra à d'autres moyens pour se défendre». Intervenant sur le thème «la dimension internationale du Sahara occidental», les ambassadeurs d'Algérie et d'Afrique du Sud en Espagne, MM. Mohamed Hanneche et Vusi Bruce Koloane, ont réaffirmé à cette occasion le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, un droit confirmé par la communauté internationale dans son ensemble. Au sujet des négociations de Manhasset entre le Front Polisario et le Maroc, l'ambassadeur algérien a constaté que les discussions «n'ont pas réellement avancé à cause de la tentative du Maroc de vouloir imposer unilatéralement sa thèse sur l'autonomie». Le diplomate sud-africain, qui a réitéré la position de son pays à l'égard de la RASD, a affirmé que sa reconnaissance par l'Afrique du Sud «obéit à la légalité internationale» et réitéré le soutien de son pays à la «juste cause sahraouie, d'autant que le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique». «L'occupation illégale de ce territoire par le Maroc affecte la légalité internationale et viole le principe sacré de l'intangibilité des frontières héritées du colonialisme», a-t-il ajouté, affirmant que son pays soutient, par conséquent, la RASD pour qu'elle puisse jouer le rôle qu'elle mérite au sein de l'Union africaine (UA). Par ailleurs, des députés de partis politiques espagnols, comme le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir), le Parti populaire (PP, principal parti d'opposition), Izquierda Unida (Gauche unie, IU) ou le Parti nationaliste basque (PNV) ont appelé le gouvernement espagnol à défendre le principe du respect de la légalité internationale et critiqué le rôle de la France, des Etats-Unis et de l'Espagne dans le conflit du Sahara occidental. Pour le leader de IU, M. Gaspar Llamazares, le conflit sahraoui «reflète les carences de la légalité internationale», déplorant le fait que son pays «ait privilégié les intérêts de sécurité dans le Maghreb au détriment du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Parallèlement à cette rencontre, un rassemblement de solidarité a eu lieu mercredi soir à Paris devant l'Assemblée nationale française pour dénoncer la répression qui s'est abattue contre le peuple sahraoui en lutte pacifique pour son droit à l'autodétermination. De nombreuses associations, dont celles des amis de la RASD (AA-RASD), d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA), des Sahraouis en France (ASF), des familles des prisonniers et disparus sahraouis (Aapredesa), le Comité pour le respect des libertés et droits humains au Sahara occidental (Corelso), l'ACCA et l'ARAC, ou encore l'association algérienne «Vivre ensemble», soutenus par des militants du Front Polisario ainsi que des politiques de différents courants se sont rassemblés devant l'Assemblée nationale française pour dénoncer «l'aggravation de la situation des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés» et les blocages marocains dans les «négociations directes entre le Maroc et le Polisario pour la mise en œuvre des résolutions de l'ONU». G. H.