La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a indiqué mardi soir que le programme d'entreprenariat Maghreb-USA, dont la première conférence avait eu lieu en décembre dernier à Alger, était parmi les principaux projets de partenariat entre les Etats-Unis et la région Moyen-Orient et Afrique du nord. Intervenant lors de l'ouverture du 8ème forum annuel USA-monde islamique qui se tient pour la première fois aux Etats-Unis, Mme Clinton a souligné que sous l'égide de l'initiative "Partenaires pour un nouveau départ", le partenariat USA-Afrique du Nord pour l'expansion économique a déjà mis en place un réseau de partenaires publics et privés et des programmes qui renforcent l'intégration économique entre les pays de l'Afrique du Nord. Pour la chef de la diplomatie américaine, "la réunion d'Alger, qui avait réuni plus de 400 jeunes entrepreneurs, chefs d'entreprises et investisseurs de la diaspora nord-africaine aux Etats-Unis, a permis de jeter les bases d'initiatives transfrontalières pour créer des emplois, former des jeunes, et soutenir les start-up". Abordant les autres projets que les Etats-Unis envisagent de lancer pour le renforcement du partenariat avec les pays de la région MENA, Mme Clinton a fait savoir que la Société d'investissements privés américains à l'étranger (OPIC) allait fournir un montant allant jusqu'à 2 milliards de dollars pour encourager les investissements du secteur privé, notamment pour les PME. En outre, une conférence sera organisée en mai prochain aux Etats-Unis qui réunira les investisseurs américains avec des partenaires des pays de la région, avec l'objectif, selon elle, de la création de l'emploi et de l'encouragement des échanges commerciaux. Par ailleurs, elle a avancé que pour le long terme, il est question de discuter des moyens d'encourager une plus grande intégration économique à travers la région MENA avec les Etats-Unis et l'Europe, et dans le monde. "Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont des pays riches avec des capitaux excédentaires, mais pauvres en termes d'investissements", a-t-elle observé, considérant que l'intensification des échanges et des relations économiques entre voisins pourrait créer de nouvelles industries et de nouveaux emplois. Et à travers la Méditerranée, a-t-elle poursuivi, ''l'Europe représente aussi un énorme potentiel pour de nouveaux partenariats économiques et une plus grande prospérité partagée''. Abordant la conjoncture politique actuelle des pays de la région MENA, la secrétaire d'Etat a souligné que les défis politiques, économiques et sociaux auxquels ils faisaient face "ne peuvent être résolus que par les peuples et les dirigeants" de ces pays. "Les Etats-Unis, qui n'ont certainement pas toutes les réponses, ont déjà du mal à trouver toutes les solutions à leurs propres problèmes politiques et économiques", a-t-elle admis, en ajoutant que l'Amérique est déterminée, cependant, "à travailler en tant que partenaire pour aider à libérer le potentiel de la région et à réaliser ses espoirs de changement". Citant les rapports d'organismes internationaux, elle a indiqué que les pays arabes sont actuellement moins industrialisés qu'en 1970, le chômage représente presque le double de la moyenne mondiale, le système de lutte contre la corruption dans la plupart des pays arabes est des plus faibles dans le monde et la participation des femmes arabes à la vie politique et économique demeure insignifiante dans la majorité de cette région. "La construction d'une démocratie qui fonctionne bien est une tâche sans fin", a affirmé Mme Clinton, en ajoutant que plus de 200 ans depuis la révolution américaine, "les Etats-Unis continuent encore à y œuvrer car un réel changement prend du temps". Intervenant à son tour, le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, a déclaré que le processus de paix au Moyen-Orient, dont une solution durable au conflit israélo-palestinien, devrait être la question centrale pour les Etats-Unis et a appelé le gouvernement américain à jouer un rôle plus actif dans sa résolution. Même avis partagé par l'ancien conseiller américain de sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski, qui a averti que "la résolution du conflit israélo-palestinien était d'autant plus urgente que l'influence américaine dans la région peut décliner".