Les participants à une rencontre nationale sur le trafic transfrontalier du patrimoine archéologique ont examiné, mercredi à El Oued, les différentes questions liées à ce phénomène, soulignant l'impérative identification de ce "patrimoine matériel transférable" en vue d'assurer sa préservation. Les intervenants à cette 4e édition, déclinée sous le thème ''Trafic de pièces archéologiques, via les frontières terrestres'', ont mis l'accent sur l'importance de cette action d'identification du patrimoine matériel transférable, "objet de convoitise des trafiquants, et des parties qui le ciblent", afin d'assurer efficacement sa protection. "L'Algérie constitue une destination privilégiée de trafiquants de pièces archéologiques, du fait de son riche patrimoine culturel matériel, de grande importance historique, notamment au niveau des parcs nationaux de l'Ahaggar et du Tassili", a affirmé le directeur local de la Culture, Hassan Mermouri. En dépit des lois mises en place et des efforts déployés pour la protection de ce patrimoine, à travers, entre autres, les corps constitués (Douanes, gendarmerie et sûreté nationale), "la lutte contre le trafic et le vol de pièces archéologiques nécessite la conjugaison de davantage d'efforts", a estimé le responsable, en ouverture du séminaire. Pour M. Mermouri, le vol de pièces archéologiques est favorisé par deux causes principales: la première est liée à la création de musées privés, et la seconde, à l'aspect commercial illicite qui s'est développé via l'Internet pour la mise en vente de pièces archéologiques. A cela s'ajoute, selon le même responsable, "un autre problème de taille qui consiste en l'enrichissement des musées des pays occidentaux, ou en l'exploitation de ces pièces à des fins de recherche scientifique". Il existe plusieurs procédés ciblant le trafic des pièces archéologiques, qui se font soit sous forme non organisée "avec un transfert limité de pièces volées via les aéroports, et cette forme-là est généralement vouée à l'échec", soit sous forme organisée, qui est "la plus dangereuse car ciblant d'importantes quantités de pièces du patrimoine, qui sont transférées via les frontières terrestres". Le vol de ces pièces archéologique se fait à travers les immenses étendues des parcs de l'Ahaggar et du Tassili, a-t-on expliqué. Le directeur du Parc national du Tassili à Djanet (Illizi), Salah Amokrane a, pour sa part, salué le rôle important que jouent les services des Douanes, de Gendarmerie et de la Sûreté nationale dans la protection du patrimoine, lesquels "veillent à mettre en échec diverses tentatives de vol de pièces archéologiques, notamment au niveau des aéroports et des frontières terrestres". Près de 10.000 touristes étrangers affluent annuellement dans la région du Tassili Ajjer, et préfèrent entrer, par voie terrestre, en territoire national via le poste frontalier de Taleb Larbi (wilaya d'El Oued), a signalé le même responsable. Le sous directeur du parc national de l'Ahaggar (Tamanrasset), Aouali Ahmed, a, quant à lui, fait part d'une action menée actuellement, en collaboration avec les instances concernées, pour la protection du patrimoine matériel contre le trafic, via les frontières terrestres du pays. Les participants à ce séminaire national ont affirmé que la mission de protection du patrimoine matériel transférable "ne relève pas uniquement de la responsabilité des corps constitués et des services spécialisés, mais elle concerne aussi tous les acteurs dans le domaine culturel et touristique en plus du citoyen". Initiée sous le signe "Le patrimoine culturel et la société de proximité", cette manifestation, qui durera jusqu'au 3 mai, s'inscrit dans le cadre du mois du patrimoine et se déroulera sous formes de journées de formation et d'information. Elle vise la formation des différents intervenants pour la protection du patrimoine et le raffermissement de la coordination entre les institutions concernées par le patrimoine, les corps chargés du contrôle des frontières et les différentes directions de Culture concernées, selon les organisateurs. Les participants, dont des cadres du ministère de la Culture et des wilayas de Ouargla, Tamanrasset, Illizi, El Oued, ainsi que des représentants des corps constitués, planchent sur plusieurs axes liées à l'impulsion des mécanismes de protection du patrimoine et la conjugaison des efforts entre les différents intervenants. Cette rencontre sera ponctuée par un programme pratique au niveau des parcs du Tassili et de l'Ahaggar, ont signalé les organisateurs. Le programme prévoit aussi des expositions mettant en relief les richesses patrimoniales des parcs du Tassili et de l'Ahaggar.