La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, avait déclaré, on s'en souvient bien, lors d'une séance plénière du Conseil de la nation relative au trafic des biens culturels, qu'un plan d'urgence a été soumis au gouvernement pour débat et enrichissement, ajoutant que le phénomène du trafic illégal des pièces archéologiques "persiste en Algérie", avant de rappeler que 31 personnes, impliquées dans des affaires de trafic du patrimoine culturel, entre 2006 et 2008, ont été arrêtées au niveau national et présentées aux juridictions compétentes. De nombreuses pièces archéologiques volées des régions de l'est du pays ont été récupérées de Tunisie et une autre des Etats-Unis, a-t-elle indiqué, ajoutant que les autorités compétentes" tentent de récupérer une autre pièce se trouvant actuellement en France en dépit de la difficulté de cette opération". Dans ce même ordre d'idées, la wilaya d'El Oued abrite, dès aujourd'hui, un séminaire national sous le thème : " La lutte contre le trafic de pièces archéologiques via les frontières terrestres ". Ce séminaire national traitant du ''patrimoine culturel et de la société de proximité'' durera sept jours. Plusieurs communications seront animées par des responsables de la préservation du patrimoine des offices des parcs nationaux du Tassili et de l'Ahaggar (OPNT et OPNA), en présence de représentants du secteur de la culture et de corps constitués (douane, Sûreté nationale et Gendarmerie nationale). Il est utile de préciser que les travaux du séminaire seront axés sur l'examen de la problématique de la lutte contre le trafic de pièces archéologiques via les frontières terrestres, à travers un diagnostic exhaustif qui donne une idée sur les personnes se livrant aux vols du patrimoine national, leurs objectifs et les voies et moyens utilisés, a-t-on indiqué à la direction de la culture d'El-Oued. Question chiffres, il est important de rappeler qu'en 2007, les services de la Sûreté nationale et ceux de la Gendarmerie nationale ont enquêté sur 25 affaires de trafic et de vol de pièces archéologiques en Algérie, avant de récupérer 1 310 pièces dont 26 de monnaies anciennes et 200 de fossiles d'animaux marins. Organisés en réseaux internationaux, ces trafiquants proposent ces objets volés d'une valeur inestimable à la vente via Internet. Dans nombre de cas, ce sont des touristes qui volent les objets sur les sites qu'ils visitent, notamment au parc Tassili dans le sud algérien, classé patrimoine international, puis les vendent à des trafiquants qui, à leur tour, tentent de les commercialiser, cachés derrière l'anonymat de l'Internet. D'autre part, de 1990 à 1996, les services de la gendarmerie n'ont traité que trois affaires liées au pillage d'œuvres d'art et de 1998 à 2004, seules 25 affaires de trafic de patrimoine ont été recensées ". C'est ainsi qu'au vu de la progression des atteintes au patrimoine matériel et immatériel, l'Algérie a paraphé plusieurs conventions internationales ayant trait à la protection du patrimoine culturel et historique. Pour sa part, la Gendarmerie nationale a mis sur place trois cellules de protection du patrimoine. Parmi les mesures prises pour lutter efficacement contre ce trafic, une banque de données, comprenant des informations précises sur les pièces archéologiques et culturelles que renferment les sites algériens, a été créée. Pour revenir à la rencontre d'El Oued, il faut indiquer que celle-ci vise aussi la coordination des efforts entre institutions officielles, société civile et acteurs dans le domaine du tourisme, ainsi que la sensibilisation des citoyens sur la nécessaire préservation du patrimoine matériel et immatériel national. L'information et la formation des différents intervenants dans la protection du patrimoine national, l'ancrage de relations de coopération et de concertation entre les parties chargées de la préservation de ce patrimoine, sont d'autres objectifs assignés à cette rencontre. Initiée par la direction de la culture de la wilaya d'El Oued, avec le concours des offices OPNA et OPNT, la rencontre sera sanctionnée par l'adoption de recommandations. En marge des travaux, seront organisées des sorties sur certains sites et monuments archéologiques protégés dans la région, suivies de programmes d'application au niveau des offices OPNT et OPNA. Enfin, il est bien important de rappeler que l'Algérie compte plus de 500 sites archéologiques et historiques, dont sept - Tassili, Timgad, Tipasa, Djemila, Oued M'Zab, la Casbah et Kalaât Béni Hamed - sont classés par l'Unesco patrimoine mondial.