ALGER - Un hommage a été rendu jeudi à Alger à la sociologue et moudjahida Claudine Chaulet par des chercheurs, universitaires et historiens, en reconnaissance de son apport à la cause nationale et au développement de la recherche sociale en Algérie. L'oeuvre et la réflexion de Claudine Chaulet, l'un des fondateurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), ont été évoquées et présentées comme une "contribution honorable" à la promotion des études sociologiques, notamment, celles en rapport avec la paysannerie. Les conférenciers étaient unanimes à dire que Mme Chaulet fait partie des militants ayant façonné le cours de l'histoire et apporté un soutien actif aux combattants du Front de libération nationale (Fln) en lutte pour l'indépendance de l'Algérie. C. Chaulet a contribué à un double front : Le premier pour libérer l'Algérie du joug du colonialisme, le second pour combattre l'ignorance, en s'investissant dans l'enseignement et la recherche sociale. Figurant parmi les "pionniers européens", partisans de l'Algérie indépendante, elle a contribué, aux côté de son époux, Pierre Chaulet, à la transmission de la connaissance et du savoir dans son domaine, la sociologie entre autres, ont rappelé les intervenants. A ce propos, l'universitaire Fatma Oussedik dont la sociologue a été l'encadreur de thèse, à la faculté des lettres d'Alger en 1976, a évoqué les moments passés à la bibliothèque personnelle des Chaulet, saluant chez ces deux "nobles personnes" l'esprit de partage du savoir et le devoir e transmission. Pour l'historien Daho Djerbal, les Chaulet "ne sont pas rentrés dans le Front de libération nationale, seulement en tant que militants de base, mais ont également pris en charge, protégé et même soigné les dirigeants du Fln ainsi que l'ensemble des moudjahidine". Selon lui, Claudine Chaulet qui a rejoint les rangs du Fln dès décembre 1954, est une femme d'exception car elle a ouvert une voie vers la citoyenneté algérienne à une partie de la population d'Algérie d'origine européenne "qui n'était pas destinée à y rester". Concernant son rôle joué en faveur des étudiants algériens après l'indépendance, M. Djerbal dira que "Claudine est l'une des premières universitaires qui a formé les toutes premières générations de sociologues, spécialisés dans la ruralité, devenus maîtres de cette discipline dans l'université algérienne". Née le 21 avril 1931 à Longeau (France), Claudine Chaulet arrive en Algérie en janvier 1942. En 1952, elle est à Paris pour des études en ethnologie et se consacre à des cours du soir au bénéfice des émigrés algériens. Cette période de sa vie lui permet d'établir des contacts suivis avec les étudiants algériens dans cette ville tout en suivant l'évolution des mouvements anticolonialistes. Son activité militante aux côtés de son époux et d'autres, allait du transport et l'hébergement de militants (Krim Belkacem, Abane Ramdane, Amar Ouamrane, Slimane Dehilès et Larbi Ben M'hidi), à la rédaction d'articles pour le journal "l'Action" de Tunis, en passant par les visites aux malades et blessés et la formation des infirmière algériennes. C'est elle qui se charge, en février 1957, d'exfiltrer d'Alger, quadrillé par les parachutistes, Abane Ramdane, alors que Pierre, son époux, était arrêté par la DST (direction de la sécurité du territoire, sécurité militaire française). Claudine et Pierre Chaulet font partie des personnalités d'origine européenne qui ont soutenu la Révolution de Novembre s'engageant pour l'indépendance de l'Algérie, à l'exemple de Henri Maillot, Maurice Audin et Fernand Iveton, tombés au champs d'honneur, ou encore Eliette Lou et Annie Steiner et d'autres, toujours en vie ou disparus.