BAMAKO - Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Sahel (Algérie, Mali Mauritanie, Niger), réunis vendredi à Bamako, ont décidé d'institutionnaliser leur cadre de concertation et d'action, en retenant le principe d'une fréquence "plus soutenue" de leurs consultations. Les ministres des quatre pays participants ont convenu, à l'issue des travaux de leur rencontre, de tenir une réunion ministérielle tous les six mois, dont la prochaine se tiendra à Nouakchott (Mauritanie). L'institutionnalisation de ce cadre de concertation et d'action ira de pair avec la mise en place de nouveaux espaces de dialogue et de coopération dans tous les domaines qui pourront donner une impulsion aux projets de développement et d'intégration dans la région. La réunion de Bamako intervenait dans le cadre du suivi des décisions de la réunion d'Alger, en mars 2010, qui avait jeté les bases d'une coopération régionale intégrée en matière de paix et de stabilité dans la région sahélo-saharienne. Cette rencontre tenue dans la capitale malienne a permis d'évaluer la situation sécuritaire dans la région et de passer en revue l'ensemble des actions entreprises par les quatre pays directement impliqués dans la stratégie de lutte antiterroriste et qui coopèrent au sein du comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc). A cet effet, les ministres ont relevé "avec satisfaction" le renforcement de l'efficacité de ce mécanisme, ainsi que les acquis du Cemoc, "grâce à l'engagement" de ses Etats membres et une "meilleure coordination" dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région. De même, ils se sont félicités des "progrès" réalisés dans la mise en place de l'unité de fusion et de liaison (UFL), qui constitue, a-t-on souligné, un "instrument important" au service de la lutte antiterroriste et un "vecteur" de coopération et d'échanges avec les partenaires. Ils ont également exprimé leur satisfaction quant au renforcement de la coordination, aussi bien sur le terrain opérationnel qu'à travers la tenue de rencontres régulières d'évaluation et de planification ayant permis de "mieux cerner le champ de la menace, de définir les voies et moyens à même de renforcer et d'affiner les mécanismes de coopération mis en place et de planifier les actions définies". Les ministres ont noté, en outre, que les récents éveloppements survenus dans la région "viennent rappeler, avec force, que les situations d'instabilité et de conflit dans le voisinage, comportent des risques de nature à aggraver le phénomène terroriste qui demeure l'un des défis majeurs pour la stabilité, la coopération et le développement de la région". C'est pourquoi, ils ont rappelé la responsabilité des Etats de la région dans la lutte contre ce phénomène, dans le cadre d'une approche régionale "solidaire et coordonnée des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger)" Les ministres ont, par ailleurs, souligné l'importance qu'accordent leurs pays au développement, notamment dans les régions frontalières "où se sont tissés les liens séculaires entre les peuples, pour fonder une réalité historique faite d'échanges et de solidarité". Les efforts nationaux, conjugués à une coopération bilatérale sont considérés comme une "réponse aux besoins légitimes des populations et aux impératifs de développement durable de tous les pays de la région". L'accent a été mis, d'autre part, sur la nécessité du renforcement de la coopération et l'entraide entre les institutions des quatre pays en charge des questions judiciaires, douanières, policières et financières, à l'effet de faire face, "avec plus d'efficacité" à la menace terroriste et ses connexions. Les ministres ont rappelé, par la même occasion, leur "pleine adhésion" à la position africaine commune sur la criminalisation du paiement de rançons lié aux prises d'otages par les groupes terroristes et se sont engagés à soutenir les démarches de l'Union africaine visant le renforcement de l'arsenal juridique international. La place et le rôle du partenariat, aussi bien dans le domaine de la lutte antiterroriste que dans l'accompagnement des efforts de la région en matière de développement, notamment pour le parachèvement ou la réalisation de projets structurants, ont été réaffirmés. De ce fait, les partenaires ont été invités à inscrire leur action dans le cadre du triptyque : formation et renforcement des capacités, assistance logistique et coopération dans le domaine du renseignement. Dans cet esprit, les ministres des quatre pays du Sahel ont retenu le principe d'instaurer un processus de dialogue avec les partenaires extra-régionaux pour examiner toutes les questions liées à ce partenariat. Ils invitent, pour cela, l'Algérie à entreprendre les contacts nécessaires et à prendre les dispositions appropriées, en vue de l'organisation, à Alger, d'une première rencontre entre les partenaires et l'Algérie, le Mali, la Mauritanie, et le Niger.