Alger- L'Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu dimanche à Alger le SG de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi Said, l'ancien candidat à la présidence, M. Noureddine Boukrouh, le Syndicat national des magistrats, le secrétaire général du Parti national pour la solidarité et le développement, et l'Union des barreaux d'Algérie. Le SG de l'UGTA plaide pour la promotion de la société civile Le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), M. Abdelmadjid Sidi Saïd, a plaidé dimanche à Alger pour la promotion de la société civile à tous les niveaux, et a insisté sur l'urgence de réviser la loi de 1990 sur les associations. Dans une déclaration de presse, à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, M. Sidi Saïd a indiqué que l'UGTA avait évoqué devant cette commission ses préoccupations sur les plans économique, social et "surtout la promotion de la société civile". L'organisation syndicale "considère que la société civile a un rôle à jouer à tous les niveaux, en tant que relais fondamental entre le citoyen et les autorités publiques", a-t-il ajouté. Dans la même perspective, M. Sidi Said a plaidé pour la révision de la loi de 1990 relative aux associations, pour que ces dernières, qui doivent concerner "toutes les franges de la société", deviennent "un outil efficace de proximité". "Nous avons aussi demandé à préciser les secteurs stratégiques à consacrer dans la Constitution, comme la consécration de la gratuité de l'enseignement et de l'accès à la santé", a-t-il indiqué. Tout en estimant que la presse avait elle aussi un rôle "essentiel" à jouer dans la promotion de la République, le premier responsable de l'UGTA a préconisé que ce rôle soit basé sur la "sérénité" et le "dialogue". Pour lui, le rôle de la presse doit aller "toujours dans le sens de la préservation des acquis de l'Algérie", à savoir, a-t-il précisé, la démocratie et la République. Affirmant que la centrale syndicale avait toujours mis l'accent sur la stabilité et la paix en tant que "constantes pour le développement et le progrès", il a ajouté qu'elle observait "une ligne républicaine, une ligne ouvrière et une ligne allant dans le sens de la continuité et de la stabilité de l'Algérie". "Ce sont là, a dit M. Sidi Said, des principes indiscutables et immuables qui ne peuvent être matière à négociation". Nouredine Boukrouh pour une Constitution qui ne change pas chaque 5 ou 10 ans L'ancien candidat à la présidentielle, Nouredine Boukrouh, a appelé dimanche à Alger pour l'adoption d'une Constitution qui ne change pas chaque 5 ou 10 ans. M. Boukrouh qui s'exprimait à la presse, à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, a estimé qu"'il est temps de passer de l'époque d'un Etat errant, pour aller définitivement vers un Etat stable et durable". Il a expliqué, dans ce cadre, qu'il entend par un "Etat errant, un Etat qui tantôt se dirige à gauche vers une politique dirigiste et tantôt à droite vers une politique libérale". "Un Etat, en somme, qui ne sait pas de quel régime il faut se doter", a-t-il estimé. "Nous somme en pleine errance constitutionnelle", a-t-il enchaîné, arguant du fait qu"'à chaque fois la loi fondamentale du pays est touchée". M. Boukrouh a exprimé, dans ce contexte, son étonnement de voir une constitution révisée, à cinq reprises, dans un pays, a-t-il dit, qui a accédé à son indépendance il y a seulement 50 ans." Il a invité, à ce propos, les responsables "à réviser leurs conceptions relatives au respect de l'Etat et de la constitution". Il a suggéré, à ce sujet, l'adoption d'une constitution qui soit mise au dessus de tous, en dépit, a-t-il dit, de leurs rangs et de leurs rôles dans la société et dans l'histoire du pays. Soulignant que "tout découle de la constitution, du fait qu'elle est la loi mère, la loi fondamentale", il a plaidé pour "l'introduction du principe de l'intangibilité de la constitution". Il a appelé, à ce titre, pour une définition "définitive" des questions identitaires et de la nature du régime. M. Boukrouh a indiqué, par ailleurs, qu'il a remis à l'Instance des propositions contenant ses conceptions sur les réformes proposées par le Président de la République, en prenant en considération, a-t-il préconisé, les changements actuels dans le monde et en particulier dans le monde arabe. "Les consultations sont une bonne chose mais, le plus important réside dans la crédibilité de leurs résultats", a-t-il toutefois estimé. L'Instance de consultations sur les réformes politiques est présidée par Abdelkader Bensalah, assisté des conseillers à la présidence de la République, Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi. Le PNSD pour un régime semi-présidentiel Le secrétaire général du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), M. Mohamed Chérif Taleb, a indiqué mardi à Alger que son parti plaidait pour une révision "profonde" de la Constitution qui puisse consolider la nature républicaine et démocratique de l'Etat algérien, dans le cadre d'un régime semi-présidentiel. Dans une déclaration à la presse, à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance de consultations sur les réformes politique, il a affirmé que pour son parti le régime semi-présidentiel consacre une "séparation réelle et définitive" entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et instaure un équilibre entre eux. Selon M. Taleb, ce parti a émis aussi des suggestions sur les partis politiques, afin de parvenir , a-t-il précisé, à des partis "forts et capables réellement de participer à cette démocratie (...)". Parmi les propositions politiques du PNSD, il y a lieu de citer aussi celles relatives à la révision du Code électoral, pour davantage, a-t-il expliqué, de flexibilité dans l'action politique, en facilitant la présence de toutes les sensibilités politiques au sein des assemblées élues. Le SG du PNSD a indiqué, dans ce contexte, que son parti était favorable au calendrier proposé par le Président de la République pour les textes de lois à réviser, les textes de loi d'abord, la Constitution après. Il a affirmé, par ailleurs, avoir évoqué la prochaine loi relative à l'élargissement de la représentativité des femmes au sein des assemblées élues, indiquant que le PNSD a proposé une part de 20 % de femmes candidates dans les listes des partis pour les législatives de 2012. l'Union des barreaux d'Algérie pour une justice indépendante et forte L'Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu dimanche à Alger une délégation de l'Union nationale des barreaux d'Algérie, conduite par Me Lanouar Mustapha, président de l'Union. Dans une déclaration à la presse à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance, Me Lanouar a indiqué que son organisation professionnelle "qui s'occupe en particulier de la défense des droits et libertés a notamment insisté sur le droit à la défense, en mettant l'accent sur une indépendance réelle de la justice". "Une justice indépendante et forte suppose, aussi, une défense forte, autonome et libre", a souligné le président de l'Union des barreaux algériens. Il a affirmé que "sans une véritable indépendance de la justice et sans une défense libre, il ne peut y avoir de justice". La révision de la Constitution et des autres lois organiques ont été également abordés lors de cet entretien, a ajouté Me Lanouar. Le président de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, M. Abdelkader Bensalah, assisté de MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, a reçu, par la suite, une délégation du Syndicat national des magistrats conduite par M. Djamel Aidouni, président du syndicat. Syndicat national des magistrats : indépendance de la justice et révision de la Constitution. L'Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu dimanche à Alger une délégation du Syndicat national des magistrats, conduite par M. Djamel Aïdouni, président de ce syndicat. Dans une déclaration à la presse, à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance, M. Aïdouni a indiqué qu'il avait insisté particulièrement sur l'indépendance de la justice et la révision de certains textes de lois ainsi que de la Constitution. Il a plaidé dans ce contexte pour "la consécration de l'indépendance de la justice". "Sans une indépendante effective de la justice, nous ne pouvons parler d'une justice forte", a-t-il dit, estimant nécessaire à ce propos que la composante actuelle du Conseil supérieur de la magistrature soit revue. Le président du Syndicat national des magistrats a évoqué, en outre, la nécessité de mettre les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sur un pied d'égalité et faire en sorte que le pouvoir judiciaire jouisse de la place qui lui sied. M. Aïdouni a abordé, par ailleurs, la question des prochaines élections législatives dont la supervision, a-t-il dit, doit être assurée par la justice, depuis l'établissement par l'administration des listes électorales jusqu'à l'annonce des résultats. S'agissant de la révision de la loi sur l'information, le président du Syndicat national des magistrats a plaidé pour une révision de ce texte "consacrant les droits des journalistes". Il a également préconisé de mettre en place toutes les "garanties nécessaires" pour que les journalistes "puissent s'acquitter de leurs mission en toute indépendance". Tout en se déclarant partisan de la dépénalisation du délit de presse, M. Aïdouni a toutefois souligné qu'il est du droit de tout citoyen qui considère avoir été diffamé de recourir à la justice, "en introduisant une plainte au niveau de la chambre civile". Poursuite lundi des consultations L'Instance de consultations sur les réformes politiques recevra lundi matin à Alger le président du groupe parlementaire des Indépendants à l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Ammar Djaafria, et le président du groupe parlementaire du tiers présidentiel au Conseil de la nation, M. Mohamed Boukhalfa. L'Instance rencontrera dans l'après-midi MM. Mohamed Lakhal Chorafa et le Dr Ammar Talbi, successivement premier et deuxième vice-présidents de l'association des oulémas musulmans algériens, a indiqué dimanche un communiqué de l'Instance.