PARIS - Amnesty International a appelé samedi les autorités marocaines à ne pas user de la force contre les manifestants au moment où des militants de droits de l'homme ont lancé un nouvel appel à manifester dimanche dans tout le Maroc et dans des capitales européennes. "Un grand nombre de manifestants ont été brutalisés par les forces de sécurité au Maroc ces dernières semaines au cours de manifestations et sept personnes sont toujours détenues à Tanger et risquent d'être poursuivies pour des faits en relation avec leur participation aux manifestations", a déploré la coordination France de cette ONG dans un communiqué parvenu à l'APS. L'action des autorités face à des gens qui ne font qu'exercer leur droit à la liberté d'expression et de réunion est d'"une sévérité excessive", a déclaré Amnesty qui appelle les forces de sécurité marocaines à "ne pas reproduire les erreurs des semaines passées, marquées par la répression violente des manifestations pacifiques". Parmi les manifestants figurent des militants politiques, des membres d'organisations de défense des droits humains et des partisans du Mouvement du 20 février, qui, éclament des réformes au Maroc, relève l'ONG qui rappelle que les 28 et 29 mai derniers, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du Maroc, notamment Kenitra, Safi, Fès, Tanger, Casablanca et Salé, "pour réclamer des réformes politiques et sociales ainsi que la fin de la corruption". Amnesty International affirme également avoir reçu de nombreux témoignages indiquant que des dizaines de manifestants "ont été pris à partie physiquement par des agents des forces de sécurité en uniforme ou en civil, qu'ils ont été roués de coups et que plusieurs des victimes, dont des femmes et des enfants, ont été blessées à la tête et au visage". "A Safi, 10 hommes auraient été arrêtés par les forces de sécurité, qui les auraient fait monter dans des voitures et les auraient brutalisés avant de les abandonner dans des endroits éloignés. La plupart ont dû rentrer à pied alors qu'ils souffraient de graves blessures", relève encore l'ONG. L'organisation affirme en outre qu'elle continue à recevoir des informations selon lesquelles certains manifestants soignés dans des hôpitaux publics "ne peuvent pas obtenir une copie des rapports médicaux décrivant leurs blessures et les causes probables de celles-ci, ce qui risque de les empêcher d'obtenir justice et réparation".