ALGER - Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a qualifié mercredi le rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'homme en Algérie de "scandaleux" et "injurieux". Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, Me Ksentini a dit s'attendre que le gouvernement "réagisse vivement à cette accusation infondée et gratuite qui n'a pour but que de ternir la réputation de notre pays". Il a qualifié l'accusation contenue dans le rapport du département d'Etat et selon laquelle la "traite des hommes" serait pratiquée en Algérie de "fiction et affabulation". Après avoir rappelé que l'Algérie a payé un lourd tribut pour recouvrer sa dignité et son indépendance, le président du CNCPPDH a souligné, en substance, que les Algériens qui ont connu l'humiliation de l'occupant, ne la feront pas subir à autrui. Par ailleurs, s'agissant de la question de la détention préventive, Me Ksentini est revenu à la charge en la qualifiant de "problème qui préoccupe l'ensemble des juristes algériens car, a-t-il expliqué, elle se rattache à la liberté individuelle et ensuite à la qualité de la justice". Pour le président de la CNCPPDH, "c'est une application incorrecte de la loi" et "il faut donc absolument corriger cela pour que les choses reviennent à la normalité ". Me Ksentini a indiqué avoir insisté, dans son rapport remis récemment au président de la République, notamment sur ce point précis (détention provisoire). Selon lui, cette décision prévue par le législateur est sensée être un fait exceptionnel, "mais, malheureusement, sur le terrain il en est autrement", a-t-il dit. "C'est devenu une punition préalable que le juge d'instruction s'arroge le droit d'infliger à la personne inculpée en dépit de la présomption d'innocence", a-t-il déploré, précisant que "le juge d'instruction est un juge intermédiaire, qui n'a pas à infliger de punition à qui que ce soit". A propos de la dépénalisation de l'acte de gestion, Me Ksentini estimé qu'il s'agit d'un "progrès non négligeable", relevant toutefois que l'on ne peut juger de la justesse de cette décision qu'après son application. Enfin, au sujet de la dépénalisation du délit de presse, il s'est dit satisfait du texte de loi dans sa globalité. Il a estimé cependant que si cela n'était pas le cas des membres de la corporation, "il serait impératif de le discuter et de l'enrichir avec eux pour l'améliorer".