Photo : Makine F. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a qualifié, hier, le rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'homme en Algérie de «scandaleux» et d'«injurieux». Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, Me Ksentini a dit s'attendre que le gouvernement «réagisse vivement à cette accusation infondée et gratuite qui n'a pour but que de ternir la réputation de notre pays». Rappelant dans ce sillage qu'une réunion à cet effet s'est tenue au niveau du département des Affaires étrangères en présence des représentants du ministère de la Justice entres autres institutions justement pour préparer la réplique officielle de l'Algérie contre ces graves accusations. Maître Ksentini n'a pas été avec le dos de la cuillère pour qualifier cette sortie du département d'Etat américain, selon laquelle, la « traite des hommes » serait pratiquée en Algérie de « fiction et affabulation ». Sur un autre registre, et s'agissant de la question de la détention préventive, le président de la CNCPPDH est revenu à la charge pour affirmer qu'il s'agit là « d'un problème qui préoccupe l'ensemble des juristes algériens car, il se rattache à la liberté individuelle et ensuite à la qualité de la justice ». Pour lui, la détention préventive constitue « une application incorrecte de la loi ». Il faut donc absolument corriger cela pour que les choses reviennent à la normalité, souligne-t-il. A propos des recommandations de la commission contenues dans le rapport annuel qu'il vient de remettre au président de la République, Me Ksentini a indiqué avoir insisté, notamment sur ce point précis, à savoir la détention provisoire. Selon lui, cette décision prévue par le législateur est censée être un fait exceptionnel, « mais, malheureusement, sur le terrain il en est autrement », a-t-il dit. « C'est devenu une punition préalable que le juge d'instruction s'arroge le droit d'infliger à la personne inculpée en dépit de la présomption d'innocence », a-t-il déploré, précisant que « le juge d'instruction est un juge intermédiaire, qui n'a pas à infliger de punition à qui que ce soit ». A propos de la dépénalisation de l'acte de gestion, Me Ksentini a estimé qu'il s'agit d'un « progrès non négligeable », relevant toutefois que l'on ne peut juger de la justesse de cette décision qu'après son application. Enfin, au sujet de la dépénalisation du délit de presse, il s'est dit satisfait du texte de loi dans sa globalité. Il a estimé cependant que si cela n'était pas le cas des membres de la corporation, « il serait impératif de le discuter et de l'enrichir avec eux pour l'améliorer ». Après avoir rappelé que l'Algérie a payé un lourd tribut pour recouvrer sa dignité et son indépendance, le président du CNCPPDH a souligné, en substance, que les Algériens qui ont connu l'humiliation de l'occupant, ne la feront pas subir à autrui.