CONSTANTINE-Danses effrénées de femmes, chants louant le Tout-Puissant au rythme d'un bendir bien chauffé et évanouissements en série, ont caractérisé la "Hadra Aïssaouia", organisée mardi soir à El Khroub (Constantine), en guise d'animation des veillées du Ramadhan . Un public très nombreux, constitué majoritairement de femmes, a assisté à la première des 5 nuits "layali El Hadra Aïssaouia", prenant d'assaut, malgré une chaleur étouffante, la salle du centre culturel M'Hamed Yazid qui sera le théâtre de scènes de transes quelquefois impressionnantes. Les cheveux défaits, le regard absent, agitant la tête de bas en haut, les femmes présentes paraissaient envoûtées par la magie de la musique et des chants interprétés par des chouyoukh de la Tariqa (confrérie). Le corps, porté par la voix chaude et le son du bendir, semble vouloir se rebeller, échapper à tout autocontrôle rationnel des mouvements, pour se débarrasser du stress et des angoisses du quotidien. Le rituel de la "Hadra" (descente) est l'une des formes les plus fortes du patrimoine culturel Aïssaoua. Un rituel qui doit être, selon le président de l'association En-nour pour les Arts culturels Aïssaouis d'El Khroub, initiatrice de cette manifestation, "encouragé et préservé pour la postérité". M. Merouane Zitouni a rappelé que ce genre artistique de Madih, de danses et de transe est hérité de la "Tariqa des Aïssaoua, fondée par le Cheikh Mohamed Benaissa Essoufyani de Meknès (Maroc), désigné du titre de Cheikh El Kamel (le maître parfait)". La "Hadra" est donc un rituel de communion et de foi en Dieu, exprimé par la danse, et qui obéit à des phases distinctes constituant une "Leila" ou soirée. La "Hadra" de mardi soir a été entamée, comme le veut la tradition, par le "Hizb", consacré au rituel des louanges à Dieu, intitulé "Soubhane Eddaïm", (louange à l'Eternel), suivie d' une "Dakhla" (ou prélude), marquée par des chants plus légers et plus gais interprétés par l'artiste Zitouni et son association, puis d'une Nouba Aïssaouia , ensuite d' "El Adhkar" sous forme de Madih du Prophète Mohamed (QSSSL) et enfin le rituel de la danse et de la transe, le "Mjarred" qui est une sorte de danse collective réservée aux seuls membres de la Tariqa.