BOUIRA - L'activité des revendeurs des produits d'artisanat et d'habits traditionnels de la localité d'Ighrem, 40 km à l'est de Bouira, a été fortement affectée suite à l'ouverture de l'autoroute Est-Ouest dont le tracé contourne cette localité. La clientèle traditionnelle empruntait de moins en moins la RN 5, qui traverse la localité, affectant par voie de conséquence grandement l'activité de ces revendeurs, qui ont enregistré une nette régression ces dernières années. Au début, en 2006, les revendeurs étaient prés d'une soixantaine à orner les deux bords de la chaussée de la RN 5. Ils ne sont plus qu'une dizaine en 2011, selon les dires de plusieurs commerçants. Ces revendeurs activaient auparavant dans la région d'Aomar mais l'ouverture du contournement autoroutier de Djebahia avait asséché leur clientèle. Ce qui les obligea à aller s'installer à Ighrem qui présentait des conditions plus favorables. Ce transfert d'activité a, à ses débuts, totalement transformé la physionomie de ce village. En un laps de temps très court, le lieu-dit s'est métamorphosé en un mini-village touristique engendrant une dense et riche activité économique. Ce village a connu, en effet, la réalisation de nouveaux investissements ayant permis à beaucoup de boutiques de voir le jour. Elles se multiplièrent des deux cotés de la chaussée sur pas moins de deux kilomètres. Les commerçants exposaient admirablement leurs produits à telle enseigne qu'il était difficile de résister à l'attrait de ces boutiques. Les nombreux usagers de la route RN 5 ne pouvaient ne pas s'arrêter pour satisfaire leur curiosité. Et quiconque se hasardait à visiter une de ces cavernes d'"Ali Baba", finissait forcément sa visite par l'achat d'un ou plusieurs produits. Le client avait le choix entre l'habit traditionnel, notamment les robes kabyles, tissées dans les nombreuses localités de la région avec leur couleurs chatoyantes et un autre produit de terroir non moins important : la poterie. Tout allait au mieux pour eux jusqu'au jour où fut ouvert, du coté sud de la localité, un tronçon d'autoroute qui priva considérablement les revendeurs de leur clientèle traditionnelle, celle qui empruntait la RN5. "La région a perdu de sa vivacité depuis le départ de nombreux revendeurs. Certains d'entre eux se sont même reconvertis à d'autres métiers", selon Mokrane, gérant d'une boutique de poterie. "Il n'est pas juste qu'un segment d'activité artisanal et touristique qui nourrit d'innombrables familles soit voué à la disparition", regrette Mokrane selon lequel "des solutions existent pour remédier à la situation et sauver une activité économique aussi importante menacée d'extinction par les effets collatéraux engendrés par l'autoroute". Selon lui, la solution idéale serait que ces revendeurs puissent s'installer sur les accotements de l'autoroute. Des demandes ont été faites dans ce sens par les intéressés en attendant impatiemment la réponse des autorités.