ALGER- Plusieurs partis politiques ont exprimé mardi leur satisfaction quant à l'approbation, en Conseil des ministres, des projets de lois s'inscrivant dans le cadre des réformes politiques annoncées par le président de la République, d'autres ont émis des réserves quant à la "volonté réelle" de mener ces réformes, d'autres encore ont critiqué la méthode adoptée. Le parti du Front de Libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), ont salué le contenu des lois approuvées par le Conseil des ministres, qualifiant cette initiative de "pas" sur la voie du renforcement de la démocratie. Les mouvements El Islah et Ennahdha se sont dits sceptiques quant à l'application de ces lois, tandis que le Front national algérien (FNA) a émis des réserves concernant "la volonté réelle" de mener ces réformes. Le Conseil des ministres qui s'était réuni dimanche et lundi, a examiné et approuvé le projet de loi organique sur l'information, le projet de loi organique sur les partis politiques ainsi que le projet de loi sur les associations. Selon le parti du FLN, l'approbation des projets de lois "n'était pas une surprise", car les objectifs et la méthode" avaient été fixés par le président de la République qui les concrétise aujourd'hui sur terrain". Le parti estime que les contenus de ces projets de lois devraient contribuer davantage au renforcement de la démocratie, à l'élargissement des libertés, à l'amélioration de la gestion des entreprises et à leur adaptation aux évolutions dictées par la mondialisation. Le FLN "est satisfait" du contenu des projets et du rythme mis en oeuvre pour l'application des réformes, a déclaré à l'APS le chargé de l'information du parti, M. Kassa Aissa, précisant que le bureau politique du parti s'est déjà réuni cette semaine pour définir les orientations politiques qui seront données aux élus, Le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), M. Miloud Chorfi a, pour sa part, exprimé "la grande satisfaction" de sa formation quant à l'approbation de ces projets "d'envergure", qui se veut, a-t-il dit, "une preuve du respect de l'Etat de ses engagements". Ces projets sont de nature "à conférer davantage de dynamique à l'action politique", a-t-il souligné. Le RND a, d'autre part, lancé un appel aux élus, aux cadres et forces nationales dans le pays pour accompagner ces projets et les concrétiser au service du citoyen et du pays. Le MSP qui a adopté la même position en exprimant sa "satisfaction" de ces projets a estimé que l'Algérie connaîtra "un bon qualitatif" en ce qui concerne les partis et les associations. Les libertés fondamentales seront également renforcées, a-t-il ajouté à ce propos. Cependant, le MSP s'est distingué des autres partis de l'alliance, en proposant d'autres points pour compléter le contenu de ces projets, à savoir l'association d'un plus grand nombre de magistrats au contrôle des élections et l'adoption de dispositions pour mettre un terme à l'intervention de l'administration. Par ailleurs, le MSP a appelé les députés à assister en masse aux sessions du parlement lors de l'examen de ces projets "pour les assainir de tout ce qui pourrait entraver le processus démocratique". Le mouvement El Islah a, pour sa part, émis des réserves sur l'application du contenu des projets de lois qui seront bientôt soumis au parlement car, "le pays dispose d'un arsenal de lois de qualité qui n'ont pas été appliquées", comme l'a souligné le chargé de l'information M. Miloud Kadri. Tout en soulignant certains aspects "positifs" de ces projets, le mouvement En-Nahdha a, pour sa part, estimé que "le problème qui se pose effectivement" était celui de la "non application des lois". Après avoir souligné que le contenu du communiqué du Conseil des ministres sur les projets approuvés "ne suffit pas à donner un avis précis car ce sont les détails qui importent", le président du mouvement, M. Fateh Rebai, a estimé l'ouverture du champ audiovisuel et la création d'un conseil de déontologie de la profession de journaliste comme "un pas satisfaisant que le parti avait revendiqué car le pluralisme politique ne peut se concrétiser en l'absence d'une information plurielle". "L'ouverture des médias lourds permettra aux citoyens de distinguer entre les programmes et les partis", a déclaré M. Rebai qui a apprécié le contenu du projet des partis politiques. Il a toutefois émis des réserves sur l'état d'application de son contenu, notant que la loi en vigueur "n'est pas appliquée". Le mouvement En-Nahdha, a-t-il par ailleurs précisé, "n'est pas enthousiaste pour débattre et enrichir ces projets lorsqu'ils seront soumis au parlement en raison du non amendement d'abord de la loi fondamentale, la constitution". Pour lui, l'actuel parlement n'est ni "habilité" ni "capable" d'examiner ces projets étant "à la merci du gouvernement", ajoutant que le plus important actuellement est la préparation d'élections parlementaires et locales régulières. Quant au front national algérien (FNA) il a réitéré sa position à l'égard des réformes politiques en général. Son président M. Moussa Touati a déclaré que l'assemblée populaire nationale (APN) "ne représente pas la légitimité. elle est responsable de la crise juridique du pays et n'est par conséquent pas habilitée à examiner ou à adopter de nouvelles lois". Pour M. Touati, il aurait été plus juste de légiférer par décrets en attendant l'élection d'une assemblée "légitime" et "représentative" qui prépare la nouvelle constitution après un référendum populaire sur le choix du régime pour le pays. Le Parti des travailleurs (PT) a déclaré faire part de sa position vis-à-vis de ces nouveaux projets mercredi lors de la réunion de son bureau politique. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé, de son côté, que les projets de lois adoptés par le Conseil des ministres sont "une copie conforme" des anciennes lois et "n'apportent rien de nouveau". Le porte-parole du parti, M. Mohcine Belabbes, a indiqué que même l'ouverture des médias lourds contenue dans le projet de loi sur l'information n'est pas une nouveauté puisque l'idée figurait dans le code de l'information de 1990. Le RCD trouve également que la composante du conseil de déontologie de la presse "pose problème" puisque une moitié sera désignée par le Parlement et le chef de l'Etat et l'autre parmi les journalistes.