PARIS - Le VIIème congrès international du terrorisme s'est ouvert jeudi à l'Ecole militaire à Paris en présence de quelque 300 participants en provenance de 35 pays et de personnalités politiques et experts internationaux, à l'exception des représentants des associations algériennes de victimes du terrorisme. Ces associations ont décidé de boycotter cette rencontre, dont elles dénoncent le caractère sélectif de la définition du terrorisme, adoptée par les organisateurs. Dans leur refus de prendre part au congrès, les associations algériennes de victimes du terrorisme tant du colonialisme français, que ceux de la tragédie nationale, ont notamment souligné le manque de neutralité dans la définition que cette rencontre donne du terrorisme et dans le choix des victimes présentes. Elles ont ainsi affirmé que la rencontre ne tient exclusivement compte que de la définition européenne du terrorisme, qui introduit l'amalgame entre le droit des peuples à la lutte armée pour recouvrer leur indépendance et les pratiques terroristes des Etats coloniaux contre les peuple luttant pour leur indépendance. Dans une lettre adressée à Guillaume Denoix de Saint-Marc, directeur général de l'AFVT, Mostefa Boudina (notre photo), président de l'Association algérienne des anciens condamnés à mort, a appelé "les nostalgiques de l'Algérie française" à "comprendre, une bonne fois pour toutes, que ce n'est pas l'Algérie qui a occupé la France par la force des armes, mais c'est cette dernière qui a occupé notre pays par la force des armes". "Vous avez occupé notre pays par la force, nous l'avons libéré par la force", a-t-il souligné, condamnant "vigoureusement" tous ceux qui considèrent les combattants pour la libération de leur pays comme des terroristes. Après avoir souligné les "graves anomalies" relevées dans le programme du congrès et qui "ne peuvent être acceptées", M. Boudina a déploré que "n'est pris en compte et de manière unilatérale que la définition bien européenne du terrorisme, sachant qu'elle est rejetée par l'écrasante majorité des peuples du monde". "Pourquoi avoir oublié les représentants des 45.000 victimes du massacre du 8 mai 1945, les victimes des centaines de villages bombardés au napalm par les B52 de l'armée française, les victimes des bombes nucléaires au Sahara, les familles des milliers de victimes liquidées, sans aucune forme de procès, les victimes des bombardements de Sakiet Sidi Youssef où ont péri des centaines de civils algériens et tunisiens et, enfin, les familles des 217 prisonniers de guerre assassinés par la guillotine entre 1956 et 1962", s'est interrogé M. Boudina. "J'ai refusé de prendre part à ce congrès pour des raisons liées au fait que ce congrès se tient sur la base de la définition de l'Union européenne qui fait l'amalgame entre le terrorisme et le droit des peuples à se défendre et à lutter pour leur autodétermination et leur liberté", a affirmé, quant à elle, Saïda Benhabylès, secrétaire générale du Mouvement féminin de la solidarité avec la femme rurale et présidente du réseau algérien des associations victimes du terrorisme, dans une déclaration à l'APS. Les organisateurs de ce congrès, a-t-elle poursuivi, sont partis "très loin" en invitant une victime civile de guerre blessée dans l'attentat organisé par le Front de libération nationale (FLN) au Milk Bar d'Alger en 1956, pendant la guerre de libération nationale, "en qualité de victime du terrorisme". Mme Benhabyles a lancé, dans ce cadre, un appel pour arrêter une définition définitive du terrorisme, sous l'égide de l'Onu, pour mettre un terme à ce genre d'amalgame. Les victimes palestiniennes ont été également négligées par ce congrès qui, pourtant, s'est attribué une dimension internationale. Aucun Palestinien n'a été convié à témoigner sur les exactions commises par l'armée israélienne dans les territoires occupés et dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila et à Ghaza soumise encore au blocus israélien. Interrogé par l'APS sur les raisons de l'absence de Palestiniens à ce congrès, le directeur de l'AFVT a reconnu que l'association "n'a aucun contact" avec ce peuple en lutte pour recouvrer sa terre spoliée. Le congrès, dont les travaux sont prévus sur trois jours, est organisé sous forme de tables rondes, de débats d'experts et de témoignages.