TIPASA - Un séminaire international sur l'éthique s'est tenu samedi à Koléa (Tipasa) en hommage aux professeurs Abdelkader Djeghloul et Gabriel Montagnier qui avaient consacré leur vie à défendre les idéaux et les principes liés au concept de l'éthique. Cette rencontre, à laquelle ont participé des professeurs universitaires algériens et français, a permis de débattre la question de l'éthique dans son acception la plus large, ainsi que ses évolutions et sa place dans le monde contemporain. Organisé par l'institut maghrébin des douanes et de la fiscalité en collaboration avec l'université Jean Moulin Lyon 3 (France), ce séminaire s'est voulu une opportunité pour rendre un hommage particulier à deux éminents professeurs disparus Djeghloul et Montagnier aux parcours exceptionnels et qui s'étaient distingués par leur humilité, leur modestie et leur grande capacité d'écoute", a-t-on souligné. Ainsi, pour Mustapha Cherif, philosophe et chercheur en sciences humaines et sociales, la question de l'éthique est "centrale", car, a-t-il dit, "les crises que nous connaissons aujourd'hui sont la conséquence de la perte de cette notion". Il a observé que l'absence d'éthique avait engendré "un effondrement de l'ordre civilisationnel", ajoutant que la perte de la morale et des valeurs universelles "nécessitent une nouvelle pensée et une nouvelle manière de gouverner". Le même intervenant a relevé que l'éthique résidait aussi dans les "droits et les devoirs" pour "vivre ensemble". "Il s'agit d'agir par sa bonne conscience pour le bien commun et l'intérêt général", a-t-il mentionné. Pour sa part, Pierre Beltrame de l'université Aix-Marseille, s'est dit convaincu de l'existence d'un rapport entre l'éthique et le droit, précisant qu'il faut "sans cesse se remettre en question pour arriver à cerner le concept de l'éthique". Il a indiqué, dans ce sens, que les valeurs universelles "ne trouvent leur essence que si elle sont, à chaque fois, repensées et remises en cause". "En résumé, l'éthique, c'est l'esthétique du dedans", a-t-il conclu. De son côté, le Professeur Ali Boukrami, secrétaire d'Etat chargé des Statistiques, ancien commissaire général à la Prospective, a mis l'accent sur l'importance de l'éthique dans la construction d'une société basée sur la science et le savoir. "Il s'agit de savoir comment se remettre en cause de façon permanente, de ne pas croire détenir la vérité absolue et de réfléchir sur la manière de passer de la compétence individuelle à la compétence collective", a-t-il souligné. "Il faut également avoir une connaissance profonde de la société, être à son écoute pour pouvoir construire le modèle économique idéal qui puisse préserver les intérêts des générations futures", a-t-il recommandé. S'agissant du cas de l'Algérie, M. Boukrami a estimé que "dans l'exploitation de ses ressources naturelles, le pays constitue un modèle de croissance idéal par rapport à d'autres pays". Il a expliqué, à ce propos, que l'économie algérienne a constitué des réserves de change assez importantes permettant de préserver les équilibres macro-économiques, tout en affirmant que l'Algérie avait "toujours anticipé les évènements et pris les bonnes décisions au moment voulu".