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Tlemcen: L'éthique médicale au menu
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 05 - 2011

L'éthique médicale est le thème traité lors du colloque international organisé jeudi dernier par l'université Abou Bekr Belkaïd au sein de l'auditorium de la faculté de médecine Dr Benaouda Benzerdjeb, dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011».
«Les bouleversements induits par la pratique médicale sont multiples et majeurs… A ce titre, l'éthique implique une réflexion critique sur les situations et les comportements. Quel que soit le type d'exercice et malgré la complexité des techniques, nous devons rester des médecins de l'homme, capables d'écouter, de comprendre et d'accompagner, dans le respect absolu de sa personne, celle ou celui qui viendra se confier à nous…», dira M. Necib Berber, doyen de la FM. Et de relever que «Les enseignants ont une notion étriquée de l'éthique, beaucoup la confondent avec la déontologie ou le droit médical…». A ce propos, le Pr Ghawti Hadj Eddine Sari, de l'Observatoire citoyen afro-méditerranéen (Paris), qui donnera une communication sur «L'éthique et les cultures», clarifiera le concept : «L'éthique, c'est beau, c'est bien… C'est le bel agir» (d'après Jacques Berque). «On ne peut pas concevoir une action éthique sans sa dimension esthétique», devait-il souligner. Il rejettera le mot «akhlaqiat» et lui préfèrera «ihcène», c'est-à-dire «la bienfaisance», qui est une dimension islamique aux côtés d'« el-imane» (foi) et «el-islam» (soumission), en précisant qu'il est faux de croire que « l'éthique est une émergence de la modernité et de la culture occidentale». Il ajoutera que «la conscience, c'est tout ce qui est défini sans subjectivité ni ambiguïté», citant Bachelard. «C'est la base de l'épistématique (néologisme) consubstantielle à l'éthique islamique…». Selon lui, l'éthique est une dimension de l'être humain vivant avec l'autre. Il estime que l'altérité, c'est ne plus avoir peur de l'autre et d'aller vers l'autre…». Quant à la morale, il cite Rostad qui disait à ce propos : «C'est ce qui reste de la peur quand on l'oublie». «La morale est à l'éthique ce que la science est à la vie», conclura-t-il avec ce parallèle.
Le Pr Ghawti Hadj Eddine Sari interviendra une seconde fois avec «Ethique et recherches en médecine». «L'acte de recherche est neutre, n'allez pas chercher s'il est permis par Dieu. Ne dites pas halal ou haram mais éthique ou non éthique», lâchera-t-il tout de go. Et de souligner les ambiguïtés de la bioéthique (vocable qu'il considère impropre du fait du préfixe bio, renvoyant à des réactions physico-chimiques) via une citation du sociologue anglais Richard Dawkins : «La science donne-t-elle du sens ? Nous sommes des machines à survie, des véhicules robots aveuglément programmés pour préserver les molécules égoïstes connues sous le nom de gènes». Dans ce sillage, il parlera du pacte triptyque (mithaq), à savoir la «fitra» de nature à nous permettre de «combattre le djahl (l'ignorance) et le doulm (le méfait)», l'humanité en potentialité (génome humain unique) et la nécessaire remise en cause de la certitude.
A ce titre, il évoquera l'histoire de Sidna Moussa (Moïse) relative à la Création : les quatre volatiles renvoient symboliquement, selon Ibn Arabi, à quatre fondements caractéristiques volatiles, à savoir l'ego incarné par le paon, le devoir par le coq, la paix par la colombe et la dignité humaine par le corbeau…
Dans la même veine mais sous un angle législatif et juridique, la Pr Fatima Zohra El-Kebir, du LBDD de l'université d'Es-Sénia, abordera l'«Ethique de la recherche médicale». «Le respect de la personne, la bienfaisance et la justice sont les trois principes de base guidant la recherche médicale», fera-t-elle observer. Et de souligner : au plan pratique, intégrité, responsabilité et bonnes pratiques sont les bases de l'éthique de la recherche. La non-nuisance expérimentale, le respect de l'autonomie et de la dignité humaine, le devoir de confidentialité et de réparation s'inscrivent dans cette optique éthique. Promouvoir l'ERM, élaborer un code d'éthique, mettre en place un enseignement de l'ERM, analyser et contrôler tous les projets, créer des équipes multidisciplinaires, sont entre autres les recommandations émises en la matière… Elle conclura avec cette citation éthique de Diderot : «Il ne suffit pas de faire le bien, encore faut-il le faire bien»…
L'Islam et l'éthique médicale
Le Pr M'hamed Benreddouane, dermatologue (faculté de médecine d'Alger), ancien ministre des Affaires religieuses, parlera des «Problèmes médicaux modernes et éthique de l'Islam» à partir du questionnement cardinal : «A qui appartient la vie ?». Il passera à la loupe le suicide, l'euthanasie, les dons et greffes d'organes, l'avortement, la planification familiale, la procréation assistée médicalement… «Ces questions sont-elles soutenues par un phénomène d'angoisse ou une approche pédagogique ?», s'interrogera-t-il. «Il faut de l'éthique dans l'éthique», estime-t-il.
Cet animateur de l'émission «Avis religieux» sur Canal Algérie se prononcera à cette occasion (via des fetwas) sur l'avortement, la PAM, la drogue, la chirurgie esthétique, l'expérimentation pharmaceutique, l'euthanasie… Il se réjouira d'apprendre que «les restes humains de l'hôpital de Tlemcen bénéficient d'une sépulture décente à la périphérie du cimetière Sidi Senouci».
Le Pr Moussa Arada, chef de service hospitalo-universitaire (médecine interne), posera la «Problématique de l'éthique dans la recherche médicale». «La recherche est faite pour le malade et non le malade pour la recherche», une règle d'or que l'orateur énoncera d'emblée. Ce président du Conseil national de l'éthique des sciences de la santé soulignera que les dépenses dans le domaine de la santé dépassent largement le PIB. Et de dresser le tableau des quotas en matière de distribution de médicaments à travers trois continents : en Afrique : 1% du marché (14% de la population mondiale); en Europe : 30% (11% de la PM) et en Amérique du Nord : 44,4% (5% de la PM). D'où la profonde dimension éthique dans l'exigence d'une utilisation optimale à l'effort consacré à la santé au titre de la double éthique, celle des soins et celle des choix fondamentaux…
A travers le thème « Ethique et soins intensifs », le Pr Abdelhamid Aberkane, professeur de réanimation au CHU Benbadis de Constantine, constate «une marchandisation de la santé et une irruption de l'économique». L'ancien ministre de la Santé estime qu'«il y a une chaîne éthique et (que) la réactivité de notre système de santé est médiocre». 5 milliards de dinars sont consacrés aux soins (5.000 malades), l'hémodialyse étant la plus budgétivore, l'équivalent du budget de fonctionnement de tous les CHU. Il notera que l'espérance de vie est passée de 52 à 76 ans. L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur proposera deux modèles : individualiste et solidariste. Avant d'énoncer quatre grandes orientations : la métaéthique (interdisciplinarité), l'éthique normative (prise de conscience des limites), la naissance d'une casuistique (droits et liberté du malade) et l'institutionnalisation de l'éthique. «Il n'y a pas d'éthique sans compétence», lâchera le conférencier.
Le Pr Larbi Abid, chef de service de chirurgie viscérale et oncologie, jettera un éclairage sur «Le positionnement éthique des soins palliatifs et de la fin de vie», un sujet très sensible. «Toute personne malade a le droit aux soins palliatifs et d'accompagnement» en vertu du credo «C'est ce qui reste à faire quand il n'y a plus rien à faire», soulignera cet expert dans le domaine de la bioéthique (Unesco). «La question de l'inutilité est l'un des problèmes les plus épineux de la pratique médicale contemporaine», fera-t-il observer. En cas d'affection incurable et terminale, le médecin «doit apaiser les souffrances physiques et psychiques du patient, éviter tout acharnement thérapeutique sans espoir, maintenir la qualité d'une vie qui s'achève, assister le mourant et agir de façon à permettre au patient de garder sa dignité», recommande-t-il. Et de décréter : «Le médecin n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort du patient».
L'éthique face aux essais thérapeutiques
A signaler qu'actuellement, quelques hôpitaux algériens se sont dotés de comités d'éthique qui ne sont interpellés que dans le cadre des essais cliniques et thérapeutiques, selon ce membre du comité d'éthique de l'hôpital de Bologhine, qui citera dans ce contexte Rames : «Il n'y a pas d'éthique individuelle sans dimension collective et réciproquement».
Un autre sujet aussi sensible que le précédent est celui de la «Procréation médicalement assistée à la lumière des écrits religieux», qui sera traité avec sérénité par le Pr Belkacem Chafi, chef de service de gynécologie obstétrique (EHU Oran). «Malgré les réticences qu'elles soulèvent, les PMA sont désormais couramment pratiquées ; ces nouvelles techniques semblent inaugurer le règne de «l'enfant-objet» commandé à la médecine moderne…», constatera ce spécialiste. L'infertilité (ou stérilité) est définie par l'OMS comme «l'incapacité d'un couple à parvenir à une conception et à mener à bien une grossesse à terme après un an ou plus de rapports sexuels réguliers et non protégés».
On estime que plus de 70 millions de couples à travers le monde sont infertiles (dont 10% dans le monde arabe). En Algérie, aujourd'hui, 10 à 15% des couples rencontrent des difficultés à concevoir et consultent pour infertilité. Qu'on en juge : 33,5% de désir d'enfant, 3,7% de stérilité et 129.500 couples infertiles… Quant au taux d'échec, il est estimé à 20% (6 tentatives d'insémination artificielle). Hors hôpital, une PMA coûterait la bagatelle de 30 millions en clinique privée. Le Pr Chafi fera savoir que la technique de la cryogénie est lancée (banque de sperme) à Oran. Evoquant la sexualité dans le cadre d'un mariage monogamique et indissoluble ainsi que l'adoption en cas d'infertilité, le conférencier soulignera qu'«il est moralement légitime d'essayer de dépasser sa propre stérilité; les moyens et leurs conséquences doivent quand même être évalués dans une perspective éthique…».
Le Pr Abdessamad Oussadit, professeur de médecine légale (CHU Tlemcen), abordera «Les aspects éthiques de la formation médicale». L'enseignement de l'éthique a été introduit dans le cursus depuis 10 ans, selon l'orateur, qui estime que ce module est théorique et le volume horaire réduit, soit 45 h (1,7%) sur 2.720 h pour la 6e année et 15 h pour la 1ère année. «Les poursuites engagées contre les médecins sont bien plus souvent liées à des difficultés relationnelles qu'à des défaillances techniques», dira ce médecin légiste, mettant le doigt sur l'examen et la relation cliniques. Les malades souhaitent rencontrer une personne et non une machine. A ce titre, il est indispensable d'informer les étudiants sur les droits des malades. Et pour cause. Un arrêt de la Cour d'arrêt de Paris (arrêt Nobel de 1987) assimile la chambre d'hôpital à un domicile privé…
Pour coller a priori à la thématique de «Tlemcen 2011», le Pr Kaouel Meguenni, professeur d'épidémiologie (CHUT), président du comité d'organisation du colloque, choisira judicieusement la «Lettre de Rhazès à un de ses disciples : une leçon d'éthique» (reproduite sur le dépliant et le fascicule du programme). La missive que Abou Bakr Al-Razi a adressée à son disciple Abu Bakr Ibnu Qareb Arzi contient un premier avertissement : «Des choses les plus dures dans le métier du médecin, soigner les princes, les riches et les femmes (envers ces dernières, il doit préserver son regard et le limiter à la localisation de la pathologie)». Il lui rappelle que «Le médecin doit être l'ami des gens, gardien de leurs secrets. Cette lettre renferme d'autres recommandations éthiques et déontologiques liées au devoir de réserve, l'indépendance morale, le secret médical, la pudeur, la piété, les honoraires, la continuité des soins, l'hygiène de vie, le charlatanisme (soin par l'expérimentation)…
Il faut signaler l'annulation de la communication «Morale, éthique et déontologie» du Pr Mohamed Bouziani (président du CRS et du CNOCD) pour cause de santé, alors que celle du Pr Mokhtar Benkalfat (en pèlerinage) : «De la morale à la bioéthique», sera lue «par procuration» par le Dr Abi Ayed, chirurgien (un simple enregistrement vidéo préalable aurait été plus «communicatif»).
A noter la présence de l'association de formation continue «Errazi», alors que le Conseil régional de l'ordre brillera par son absence, ainsi que l'association des personnes âgées.
En marge des travaux se tenait (dehors), faut-il le mentionner, un sit-in d'un groupe de médecins internes qui criaient à tue-tête et à qui voulait les entendre : «On ne parle pas éthique si on ne l'applique pas !». Un véritable chahut en signe de protestation contre le silence observé par la tutelle depuis février dernier, date de l'envoi de la plate-forme de revendications en trois points (statut de l'interne, service civil et volet pédagogique).


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