“La question de l'éthique est centrale. Elle n'est pas que morale ou politique”, c'est le constat fait par le professeur Mustapha Cherif, philosophe, lors du séminaire international sur l'éthique organisé hier par l'Institut maghrébin des douanes et de la fiscalité au siège de l'institut à Koléa. Selon lui, le libéralisme sauvage a provoqué le recul du droit. L'absence d'éthique a provoqué un effondrement de l'ordre civilisationnel, a ajouté l'ancien ministre, pour qui la perte de la morale et des valeurs universelles nécessitent aujourd'hui une nouvelle manière de gouverner. Le professeur Pierre Beltrame de l'université d'Aix-Marseille fait un rapprochement entre l'éthique et le droit. Selon lui, il y a une parenté entre l'éthique et le droit. “C'est ce qui lie les gens entre eux”. Pierre Beltrame considère que l'éthique est une pratique. Plus simplement “l'éthique, c'est de s'abstenir de faire ce qui ne se fait pas”. Pour le professeur Laïd Bouzidi, vice-président de l'université Jean-Moulin Lyon 3, l'éthique commence par la contribution individuelle. C'est le premier niveau, selon lui, à prendre en compte avant de passer à la société puis à l'Etat. Il soulignera que dans les cursus universitaires en France, on introduit cette notion d'éthique. Il y a même des modules assez lourds sur l'éthique. Laïd Bouzidi a indiqué que les fondamentaux sont les mêmes partout dans le monde, mais les déclinaisons d'une société à une autre sont différents. Abondant dans le sens de Pierre Beltrame, Laïd Bouzidi a estimé que le droit s'impose comme une nécessité. L'éthique garantit certes de moins recourir au droit. Mais le constat qu'il fait est que le recours plus qu'abusif au droit renseigne sur les carences existantes en termes d'éthique. Pour conclure, Laïd Bouzidi a précisé que l'objectif n'est pas de faire des exposés sur l'éthique mais plutôt poser concrètement la problématique et pour que cette dimension soit prise en compte, il faut qu'elle soit répétitive. Aborder le sujet d'une façon récurrente est nécessaire. Présent à ce séminaire, le président du Haut-Conseil islamique, le professeur Cheikh Bouamrane a estimé que le problème des valeurs se pose avec acuité. Qu'on les appelle valeurs morales ou valeurs religieuses, ce sont des valeurs d'éthique. À rappeler, enfin, que durant ce séminaire, l'Institut maghrébin des douanes et de la fiscalité et l'université Jean-Moulin Lyon 3 ont rendu hommage aux professeurs Gabriel Montagnier et Abdelkader Djeghloul, deux hommes au parcours exceptionnel et qui ont porté un grand intérêt à l'éthique, une constante tout au long de leur parcours.