ALGER - L'apport du réseau des "porteurs de valises" à la guerre de libération nationale a été évoqué mercredi à Alger en hommage à son fondateur, le philosophe français Francis Jeanson, et à tous les amis de la Révolution algérienne. Outre le rôle des moudjahidine et martyrs algériens de la guerre d'indépendance, l'histoire de l'Algérie sous colonisation française renvoie aussi au soutien déterminant des personnalités d'origine européenne à la cause nationale, dont les "porteurs de valises", un réseau fondé le 12 octobre 1957, ont souligné des historiens et hommes politiques algériens. Réunies lors d'une rencontre organisée par l'association "Michâal El-Chahid" à l'occasion 50ème anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, journée nationale de l'Emigration, ces personnalités relevé la nécessité d'introduire dans les programmes scolaires et universitaires davantage de modules d'histoire dont ceux qui abordent l'apport des amis de la Révolution algérienne à la libération de l'Algérie du joug colonial. A cet égard, le chercheur en histoire, Amar Belkhodja, a relevé que les programmes d'enseignement, universitaire notamment, devraient comporter davantage de modules traitant de toute l'histoire d'Algérie, estimant que les amis de la Révolution algérienne étaient partie intégrante du mouvement de libération nationale. Il a tenu à rendre hommage à la "noble" contribution des membres des intellectuels français à la Révolution algérienne et qui se sont battu pour la libération de l'Algérie, et plaidé sa cause dans les forum internationaux. Pour sa part, le moudjahid Saada Messous, a axé son intervention sur le combat de Francis Jeanson dont la visite en Algérie en 1943, a-t-il rappelé, l'a poussé à faire le choix de l'Algérie indépendante, face à l'injustice de l'administration française à l'égard du peuple algérien. Son propre pays qui pays, ayant renié les principes de la Révolution française : liberté, égalité, fraternité, a-t-il dit. "En juin 1955, François Jeanson est passé du combat intellectuel à celui de l'action aux côtés du Front de libération nationale pour la libération de l'Algérie. Il a mis sa maison et sa voiture à la disposition des militants FLN et milité pour faire prendre conscience de l'opinion française de la réalité algérienne", a encore rappelé le moudjahid. A propos des "porteurs de valises", M. Messous a indiqué que ce réseau était d'une grand efficacité pour la Révolution algérienne et a contribué au transport d'armes, d'argent et de documents entre l'Europe et l'Algérie. Par ailleurs, le président de la commission des relations extérieures et de l'émigration à l'Assemblée populaire nationale, Abdelhamid Si Afif, a estimé que l'histoire de l'Algérie a besoin d'être écrite, tout en suggérant de se référer aux témoignages des moudjahidine et militants encore en vie. A ce propos, le romancier Amin Zaoui, a fait savoir que l'écriture de l'histoire demeurera incomplète, en raison de la modeste disponibilité de documents et d'archives dont beaucoup sont encore détenus par la France ou éparpillés chez des familles algériennes qui en ignorent l'importance. Pour M. Zaoui, ancien directeur de la Bibliothèque nationale algérienne, les chercheurs algériens, spécialisés dans la collecte de témoignages sur l'histoire sont rares, considérant la formation d'universitaires dans ce domaine, qui "exige du courage", impérative. Né en 1922, Francis Jeanson est décédé le 2 août 2009 à Paris à l'âge de 87 ans suite à une longue maladie. Fuyant l'Espagne en 1943, il rejoint l'armée française de la Libération pendant la Seconde Guerre Mondiale. Après la défaite du nazisme, il s'engage aux côtés des peuples colonisés et dans la défense de la cause ouvrière. Après le déclenchement de la guerre de libération nationale (1954-1962) et la publication de "l'Algérie hors la loi", Jeanson affiche ses sympathies pour le Front de libération nationale (Fln) et fonde, en 1957, le "Réseau Jeanson" ou "Les porteurs de valises", un réseau de soutien à la cause algérienne. Outre "L'Algérie hors la loi", Francis Jeanson a écrit plusieurs livres sur la guerre d'Algérie, notamment, en collaboration avec son épouse Colette Jeanson (1955), "Notre guerre", (Minuit, 1960), "La Révolution algérienne, problèmes et perspectives" (1962) et "Algérie" (Seuil, 1991).