ALGER -La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune a exprimé samedi son refus d'applaudir la mort du colonel Mouammar el Gueddafi, jeudi dernier à Syrte (Est de la Libye), qualifiant cet acte de "crime de guerre". "Je n'applaudirai pas ce crime de guerre contraire à toutes les lois" ni "la loi de la jungle" qui sévit en Libye, a déclaré Mme Hanoune lors d'une réunion régionale qui a regroupé les cadres du parti des wilayas du centre, soulignant que "c'est l'Otan qui a assassiné le colonel El Gueddafi". Qualifiant ce qui s'est passé en Libye de coup d'Etat militaire, la Secrétaire générale du PT a mis en garde contre "un tournant dangereux non pas seulement pour la région, mais pour l'humanité tout entière". C'est l'ONU qui décide où envoyer l'Otan pour mener des coups d'Etat militaires et tuer des citoyens et c'est elle aussi qui définit les conditions de la reconstruction, a-t-elle ajouté. "L'Otan n'a pas été envoyée pour aider le peuple libyen mais pour réunir aux firmes étrangères les conditions nécessaires pour s'accaparer les richesses du pays", affirmant que "l'assassinat d'El Gueddafi ne signifie pas la fin de la guerre civile, mais plutôt le début d'un passage vers l'inconnu sur des bases tribales". Toutes les conditions sont réunies pour "la somalisation de la Libye" a-t-elle fait remarquer, citant, dans ce sens, l'exemple de l'Afghanistan, un pays qui, après 10 ans de guerre destructrice, "n'a pas encore atteint la démocratie escomptée". Elle a, dans ce sens, mis l'accent sur la nécessité de tirer des enseignements de ce qui s'est passé en Libye, estimant qu'aucun régime ou gouvernement attaché à sa souveraineté "ne peut compter sur des impérialistes ou leur faire confiance". "J'ai constaté une vague de délégations étrangères qui viennent en Algérie à la recherche de contrats, dans le cadre du plan de développement, et de sources financières", a affirmé Mme Hanoune, exhortant le gouvernement "à ne pas céder aux pressions étrangères et à veiller à ce 51 % du capital reste détenu par les entreprises nationales". Soulignant que "les gouvernements impérialistes exerceront des pressions sur notre pays", Mme Hanoune a mis l'accent sur la nécessité d'"ouvrir le débat sur la tendance économique, car étant une question décisive". Mme Hanoune a, d'autre part, plaidé pour la renationalisation des secteurs stratégiques, tels le complexe d'el Hadjar de Annaba, la cimenterie de M'sila, la laiterie de Draa Ben Khedda, incitant la justice à ouvrir un dossier sur la corruption qui touche le lait en poudre. Elle a également appelé l'inspection générale à ouvrir une enquête sur la question de privatisation. Par ailleurs, Mme Hanoune a appelé le gouvernement à abroger l'article 87 bis et à augmenter les retraites. Il ne saurait y avoir une véritable réforme dans le cadre d'une reconstruction globale, en l'absence d'entreprises crédibles, de véritables députés et d'un gouvernement responsable devant le parlement. Le processus de réformes politiques "n'est pas à la hauteur des défis et des aspirations du peuple", a-t-elle déploré, demandant au président de la République à peser de tout son poids pour garantir la mise en oeuvre de ces réformes. Dans ce contexte, elle a appelé les cadres du PT à se préparer à toute éventualité, y compris à la provocation étrangère et l'annonce de législatives anticipées.