La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, estime qu'il existe un lien direct entre la visite de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton mardi dernier à Tripoli et la mort, 48 heures après, de Mouammar Kadhafi. «On a observé que juste après la visite de Clinton en Libye, les forces de l'Otan ont bombardé la région de Syrte et assassiné Kadhafi de sang-froid», a indiqué, hier à Alger, la première dame du PT à l'occasion d'un regroupement des cadres des wilayas du centre de son parti. Implicitement, elle fait savoir que la mort du dirigeant libyen aurait été commandée par l'administration d'Obama. Elle n'en dira pas plus à ce propos. Elle renchérit en affirmant «qu'au PT, on n'a pas applaudi la liquidation de Kadhafi, non pas par amour pour ce dernier, mais en raison de la manière de son exécution digne des pratiques du cannibalisme ou encore des lois du far-west». Mme Hanoune pense en outre que la mort de Kadhafi est tout simplement «un crime de guerre». Elle a rappelé la qualification d'Amnesty International exprimée en ce sens. Elle a par la suite critiqué le SG de l'ONU, Banki-moon, dont la réclamation d'une enquête sur la mort de Kadhafi dans des circonstances troubles «ne trouve sa logique que dans le cadre de l'hypocrisie onusienne». Mme Hanoune lance par la suite une volée de bois vert à l'adresse de la Ligue arabe qu'elle a critiquée violemment en mettant l'accent notamment sur sa «docilité» vis-à-vis des dirigeants occidentaux. Pour la porte-parole du PT, «l'assassinat de Kadhafi marque le début d'un saut vers l'inconnu en Libye», ajoutant que «c'est la boîte de Pandore qui s'est ouverte dans ce pays. Nul n'est capable de maîtriser la situation actuelle en Libye qui est similaire à une foire d'armes à ciel ouvert, où le risque de guerre civile demeure omniprésent. L'on compte quelque 15 000 missiles, 10 000 kalachnikovs et plus d'un million d'armes de différents modèles». L'oratrice clot le chapitre lié à la Libye en insistant sur la nécessité de tirer des leçons de ce qui s'est passé dans ce pays. C'est dans ce cadre que s'inscrit d'ailleurs la tenue d'une conférence internationale contre l'ingérence étrangère que le Parti des travailleurs compte organiser au début du mois de décembre prochain.
Des vautours autour d'une proie ! Abordant l'actualité nationale, Mme Hanoune a de prime abord critiqué les visites qu'ont effectuées récemment en Algérie des responsables de Grande-Bretagne, de Suisse et du Portugal. Elle a comparé leurs comportements à des «vautours autour d'une proie». «Ces responsables appartiennent à des pays qui traversent une crise économique aiguë», a encore soutenu Mme Hanoune, en se disant convaincue que «seule la quête de marchés dans le cadre de l'application du programme quinquennal doté d'une cagnotte de 286 milliards de dollars motive leurs déplacements en Algérie». Elle estime en outre que face à la crise que connaissent les pays occidentaux, il y a lieu de s'attendre à davantage de pressions sur l'Algérie. D'où la nécessité «d'engager un large débat visant une meilleure relance économique en Algérie», a-t-elle préconisé. Elle a aussi plaidé pour la renationalisation des entreprises publiques cédées dans le cadre du processus de privatisation, à l'image de la laiterie de Draâ Ben Khedda. Elle a aussi réaffirmé le soutien du PT aux travailleurs, dénonce les pratiques du DG de l'hôtel El Aurassi (Alger) à l'endroit des employés de l'établissement. Elle estime par ailleurs que dans le cadre des réformes politiques, «les données peuvent changer à tout moment», d'où son appel à une mobilisation extrême qu'elle a adressée à l'endroit des militants de son parti. Entre autres et comme changements prévisibles, elle n'exclut pas la convocation par le président Bouteflika d'élections législatives anticipées, tout comme «la situation pourrait évoluer pour s'ouvrir à une crise révolutionnaire».