NEW YORK - Le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, a affirmé lundi qu'en l'absence d'une solution politique crédible, "la viabilité de l'Autorité palestinienne et d'une solution à deux Etats n'est pas acquise". Au cours de la réunion d'information mensuelle sur la situation au Moyen-Orient, M. Serry a fait le point devant le Conseil de sécurité en rappelant, d'abord, que l'autorité palestinienne et Israël s'étaient engagés séparément dans des discussions avec le Quartette dans le cadre de la déclaration que ce dernier avait faite le 23 septembre dernier. "Bien que cela soit constructif, les négociations directes et sans conditions entre les deux parties, au cours desquelles ces dernières sont censées soumettre dans un délai de 90 jours leurs propositions relatives à la sécurité et au territoire, n'ont toujours pas eu lieu", a-t-il indiqué. "Les provocations continuent de saper la confiance entre les deux parties, rendant ainsi la reprise de négociations directes très difficile", selon lui, en faisant notamment référence à la poursuite des activités liées aux colonies de peuplement juives qui "fragilisent l'assise territoriale d'un futur Etat palestinien". La déclaration du Quartette de septembre dernier fournit le cadre approprié si les deux parties assument leurs responsabilités, a estimé le Coordonnateur spécial. Les envoyés et le représentant du Quartette, Tony Blair, qui avaient rencontré à deux reprises, les 26 octobre et 14 novembre, les représentants d'Israël et de l'Autorité palestinienne à El-Qods, ont exhorté les deux parties à s'engager sans plus tarder dans des discussions directes, a-t-il précisé. M. Serry a souligné que l'ONU considère que les questions importantes ne peuvent être réglées que par le biais de négociations directes, ajoutant qu'Israël doit, cependant, garantir qu'il entend présenter des propositions sérieuses, y compris sur le territoire, dans le cadre de négociations directes. Toutefois, il a observé que le climat demeure très tendu en raison de l'absence de confiance mutuelle et des tensions sur le terrain, en citant notamment l'annonce par le gouvernement israélien d'accélérer la construction de logements dans El Qods-Est occupée, après l'admission de la Palestine à l'UNESCO, le 31 octobre. Sur ce point, il a regretté qu'Israël ait réagi à la décision de l'UNESCO en gelant le transfert des recettes fiscales qu'il collecte au nom de l'Autorité palestinienne en vertu du Protocole de Paris. Le gel de ces recettes fiscales qui représentent environ 100 millions de dollars par mois et deux tiers des revenus annuels de l'Autorité palestinienne, menace les progrès enregistrés par cette dernière dans l'édification d'un Etat, a-t-il averti. Pour leur part, les Etats-Unis bloquent également une partie des fonds versés à l'Autorité palestinienne, a-t-il fait remarquer. M. Serry a déploré que de violents incidents continuaient, en signalant que 218 opérations avaient été lancées par les forces israéliennes et que les attaques de colons contre des Palestiniens avaient augmenté de 40% en 2011 par rapport à 2010. Par ailleurs, il a indiqué qu'à la suite des contacts établis entre le Fatah et le Hamas, une réunion de haut niveau se tiendrait prochainement afin de discuter de la mise en œuvre de l'accord de réconciliation, conclu en mai dernier. Cet accord prévoit notamment des élections en mai 2012, à la suite de la formation d'un "gouvernement technocratique de transition", a-t-il précisé. Passant ensuite à la situation qui prévaut actuellement en Syrie, le Coordonnateur spécial a indiqué que la répression exercée par les forces syriennes de sécurité était de plus en plus violente et s'est dit également préoccupé par les signes d'un affrontement armé dans plusieurs régions du pays. M. Serry a ensuite rappelé l'annonce faite par la Ligue arabe de suspendre le droit de la Syrie de participer à ses réunions, compte tenu de l'absence de mesures d'application du plan de travail adopté le 2 novembre, auquel les autorités syriennes avaient donné leur accord de principe. "La Ligue cherche actuellement à déployer une mission d'observateurs arabes afin de surveiller la mise en oeuvre du plan et de protéger les civils en Syrie"', a-t-il ajouté. Il a, également, relevé qu'"aucun progrès n'a été constaté au cours de la période examinée entre la Syrie et Israël qui continue de maintenir des colonies de peuplement dans le Golan syrien occupé, même si aucun incident n'est à déplorer". Evoquant la situation au Liban, le Coordonnateur spécial a expliqué que les évènements en Syrie avaient contribué à alimenter les tensions politiques. Selon lui, le vote du Liban contre la proposition de la Ligue arabe de suspendre le droit de la Syrie de siéger au sein de cette organisation régionale a alimenté les dissensions entre la coalition au pouvoir et l'opposition libanaise.