ALGER - Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a émis des suggestions et réserves sur le projet de loi organique relative à l'information dont l'examen a été entamé lundi à l'Assemblée populaire nationale (APN). Le SNJ propose, dans une "lettre au parlementaires", notamment, la "reformulation" de l'article deux (2) du projet de loi qui impose, à ses yeux, "énormément de contraintes" dans l'exercice de la profession. Il évoque, à cet égard, une série d'interdictions qui constituent "réellement" des "handicaps" pour les journalistes et "limitent leur liberté d'action et d'initiative". Le syndicat estime que cet article nécessite une modification dans le sens de "plus de souplesse" pour n'en garder que les "interdictions raisonnables et universellement admises". Il considère, par ailleurs, l'amende imposée aux journalistes pour remplacer la peine d'emprisonnement comme "très lourde" et constituant une "forme de blocage" et de "restriction" dans l'exercice de la profession. Le SNJ suggère que le responsable de la publication participe, à hauteur de 50%, au paiement de toutes les amendes, "étant responsable du contenu rédactionnel en dernière instance". Il propose, en outre, que la carte nationale du journaliste professionnel soit délivrée par les soins de l'autorité de régulation de la presse écrite "et non pas, comme le stipule l'article 78, par une structure autonome". Le syndicat estime, d'autre part, que la création d'une autorité de régulation, prévue à l'article 89 du projet, doit être "l'émanation totale et exclusive des journalistes", ajoutant que "les pouvoirs publics n'ont pas à y s'immiscer" dans cette question, et ce, pour éviter une "caporalisation" de l'instance. Pour cette organisation syndicale, l'article 90 constitue une "autre restriction" aux libertés "puisqu'il parle de la violation de la vie privée des personnalités". Elle préconise sa modification pour ne pas constituer un prétexte à toute personne se considérant personnalité pour traîner le journaliste devant la justice". Le SNJ note aussi que le projet de loi ne fait pas référence à la protection des sources, ce qui représente, a-t-il dit, un "recul par rapport à la loi 90/07". Concernant le droit syndical, il indique qu'il est "honteusement bafoué" dans l'écrasante majorité des entreprises de presse algérienne et propose pour mettre fin à cette situation de stipuler de manière "explicite" que ce droit est "irréversible" tout en prévoyant des sanctions à l'encontre de l'employeur. Abordant la question de l'ouverture de l'audiovisuel, il relève que le projet de loi "n'en parle qu'en des termes vagues et généraux", observant que tout est "relégué" dans ce domaine au chapitre de projets à venir. Le SNJ revendique, par ailleurs, les droits des familles des journalistes assassinés par les terroristes et la protection et la préservation de la mémoire de ces journalistes. "L'initiative pour la dignité du journaliste" a, de son côté, organisé lundi un rassemblement de sensibilisation devant l'APN pour appeler les députés à prendre leurs responsabilités et adopter un projet de loi à même de promouvoir et protéger la profession de journaliste.