ALGER - Les pouvoirs publics doivent consulter la société civile de manière "permanente et non occasionnelle", a indiqué, mardi à Alger, Saïda Benhabylès, ancienne ministre, présidente du mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale. "La société civile devrait être impliquée dans tous les chantiers de développement, notamment au niveau local, et de façon permanente et non conjoncturelle", a préconisé Mme Benhabylès dans une déclaration à l'APS en marge de la rencontre des points focaux sectoriels avec la société civile dans le cadre de la préparation du rapport d'étape sur la mise en œuvre du programme d'action national sur la gouvernance au titre du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). Il s'agit, selon Mme Benhabylès de mettre les associations et organisations de la société civile en contact permanent avec l'administration et les élus locaux et non de les réunir occasionnellement "comme c'est souvent le cas", a-t-elle regretté. La société civile est "la conscience des politiques et des partis politiques", de même qu'elle est "l'écho réel de la frange qu'elle représente", estimant, par conséquent, "impératif" de l'écouter et l'impliquer dans tous les chantiers du développement local. Et bien qu'elle qualifie de "courageuse" la volonté politique d'intégrer les associations dans les projets de la société, Mme Benhabylès note que sur le terrain, "des comportements freinent cette volonté et empêchent sa consécration", notamment par "le manque de considération de la société civile". Elle donne l'exemple de la stratégie du développement rural et la suggestion de son association d'impliquer les organisations actives du mouvement rural dans les cellules locales qui examinent les dossiers y afférents, suggestion qui "n'a pas été prise en compte", a-t-elle dit. La présidente du mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale propose, dans ce contexte, de créer des mécanismes durables qui permettent à la société civile d'être "véritablement" un partenaire des pouvoir publics. Concrètement, elle suggère de mettre en place des lois, un programme clair et des directives obligeant les responsables locaux à faire de la société civile un partenaire dans tout projet de développement. Mme Benhabylès préconise aussi l'ouverture des portes des deux chambres du Parlement aux représentants de la société civile pour qu'ils participent aux débats et fassent des suggestions, au moins par écrit. Elle a ajouté que sur le terrain, la société civile "se débat toute seule", estimant que qu'"on ne peut pas encore parler de société civile partenaire ou de démocratie participative". Par ailleurs, Mme Benhabylès a considéré indispensable d'"assainir" le mouvement associatif, contrôler ses sources de financement et le soustraire de l'influence partisane. Selon elle, certaines associations sont "sous l'égide" de partis politiques, alors qu'il faudrait qu'elles soient indépendantes dans la prise de décision. Affirmant "croire énormément à l'efficacité et au rôle de la société civile", Mme Benhabylès a souligné que "l'Algérie a besoin d'un lobby fort de la société civile qui jouit de crédibilité tant au niveau national qu'international".