ALGER- L'expert de la finance islamique, M. Farès Mesdour, a estimé lundi qu'il était temps de passer d'une "organisation populaire" de la zakat (aumône) à une autre "purement administrative", plaidant pour l'accélération de la création de l'Office national de la zakat. Intervenant sur les ondes de la Radio algérienne internationale (RAI), M. Mesdour s'est déclaré "convaincu" qu'il fallait passer d'une organisation "populaire" de la zakat à une autre "purement administrative", exprimant le voeux de voir ce passage s'effectuer dès l'année prochaine. Pour cet expert, le fonds de la zakat, depuis sa création en 2003, "n'a pas beaucoup évolué même si les sommes récoltées progressent d'année en année", déplorant le fait que des problèmes organisationnels eurent empêché l'accélération de la création de l'Office national de la zakat. L'intervenant a rappelé, à cette occasion, que l'année de la création du fonds de la zakat, une somme de 50 millions de DA a été récoltée. "Ces sommes ne cessent, depuis, d'évoluer pour atteindre en 2010 un milliard de DA", a-t-il ajouté, estimant que cette progression montre que la confiance envers le fonds de la zakat "se renforce d'année en année", a-t-il dit. Toutefois, M. Mesdour a souligné que cette somme ne reflétait pas la zakat réelle de l'économie algérienne qu'il a estimée à environ 3 milliards de dollars. Interrogé sur le sort de l'argent de la zakat, il a fait savoir qu'il était notamment destiné aux jeunes chômeurs pour la création de leurs entreprises à travers les crédits sans intérêt d'une valeur maximale de 500.000 DA qui leur sont attribués, précisant que 6.000 micro-entreprises ont été créées grâce au fonds de la zakat. Evoquant les grandes expériences de la récolte de la zakat dans le monde arabo-musulman, M. Mesdour a indiqué que l'Arabie Saoudite et le Soudan avaient commencé à instaurer "le système zakataire" depuis le début des années 1980. "Il y a aussi la très bonne expérience de Beit el-Zakat du Koweït où un Koweïtien avait versé une somme dépassant les 300 millions de dollars en 2006", a-t-il poursuivi. Concernant l'expérience de l'Algérie, M. Mesdour a estimé que malgré son jeune âge, elle était en train de réaliser "de grands pas en avant" et que le pays était en voie d'instaurer un "système zakataire efficace". Par ailleurs, l'expert a appelé a faire la différence entre la zakat, qui est une obligation religieuse envers 8 catégories bien définies par le Coran, et +Beit el-mal+ qui est l'équivalent du Trésor public. Le versement de la zakat se fait, généralement dans les pays du Maghreb, au jour de l'Achoura, le 10e jour du 1er mois de l'an de l'hégire Mouharram. Le ministre des Affaires religieuses et du Wakf, M. Bouabdallah Ghlamallah, avait réitéré samedi dernier à Sétif la nécessité de mettre en place un nouveau mode de gestion du fonds de la zakat "sur des bases fiables" afin de permettre une distribution "équitable et juste" des "importantes" sommes collectées. S'exprimant à l'ouverture d'un séminaire régional organisé à l'occasion du lancement de la 10e campagne nationale de promotion du fonds de la zakat, le ministre avait affirmé que ce système générateur de richesses se caractérise par une "transparence totale". Il a souligné, dans ce contexte, que les fonds collectés "sont aujourd'hui versés dans des comptes postaux et non plus conservés dans des caisses en bois exposées à tous les risques".