Pour la deuxième année consécutive, le ministère des Affaires religieuses permet aux mosquées la collecte de la zakat (impôt religieux). Cette décision prise, nous a-t-on expliqué, pour faciliter et encourager la pratique de la zakat, comporte néanmoins des risques de voir cette importante manne financière changer de destination. « Nous y avons longuement réfléchi. C'est pour cela que les mosquées situées dans les régions qui connaissent des problèmes de sécurité n'ont pas été incluses dans l'opération. 50 % des 15 000 mosquées réparties à l'échelle nationale sont pour l'instant concernées par cette collecte, qui se fait en parallèle à à celle effectuée par voie bancaire. La procédure permet aux citoyens d'éviter les longues chaînes d'attente devant les bureaux de poste et les banques. La collecte se fait par une commission de zakat, composée de l'imam de la mosquée, un membre de la commission nationale de la zakat et un membre de l'association de quartier. Si cette association n'existe pas, le choix sera porté sur un des donateurs. Chaque fin de journée, les membres de cette commission vident les caisses et portent sur un procès-verbal le montant collecté, pour ensuite le déposer dès le lendemain dans le compte de la zakat », a déclaré M. Saïdi, chargé de la zakat, au niveau du ministère des Affaires religieuses. Nette augmentation Le responsable a indiqué que cette opération concerne uniquement l'impôt religieux sur les biens privés, non utilisés pendant une année, comme l'or, l'argent, les pièces de monnaie, les actions et les obligations commerciales. L'impôt sur les biens agricoles, leurs fruits et les animaux concernés également par la zakat, n'a pas été collecté. « En 2003, lorsque nous avions démarré cette opération, le montant collecté était de 50 millions de dinars. Il est passé de 240 millions de dinars, en 2004, pour atteindre 360,7 millions de dinars en 2005. C'est un exploit, mais nous pouvons faire mieux. Il y a eu quelques problèmes de vol dans trois ou quatre mosquées, mais cela n'a pas influé sur l'opération elle-même. Il est important de signaler que 80 % du fonds de la zakat proviennent des mosquées, et l'Algérie reste le seul pays musulman qui redistribue une grande partie de ce fonds sous forme de microcrédits sans intérêts au profit des femmes au foyer, des veuves, des mères de famille sans revenu, des artisans, des agriculteurs et des jeunes chômeurs ayant postulé pour des projets d'investissement dans le cadre de l'Ansej et de la Cnac, mais qui n'ont pas réussi à avancer l'apport personnel nécessaire pour le montage financier avec les banques. Dans ce cadre, 234 crédits, d'un montant compris entre 50 000 DA et 300 000 DA, étalés sur une période allant de 1 à 5 ans, ont été alloués dans 22 wilayas du pays, dont les montants de la zakat ont dépassé les 500 000 DA. En fait, lorsque la commission dépasse ce montant, elle doit en consacrer 37,5% à l'investissement et c'est dans ce cadre que la zakat est distribuée. Souvent les jeunes nécessiteux refusent de prendre l'argent et préfèrent que nous les aidions à trouver un emploi à travers la réalisation de projets de création de petites entreprises », a déclaré Fares Mesdour, expert du fonds de la zakat et enseignant à l'université de Blida. Il a expliqué que les montants de la zakat de l'Achoura n'ont rien à voir avec ceux collectés lors de l'Aïd El Fitr. Ces derniers ont, eux aussi, connu une nette augmentation durant ces deux dernières années. Ils sont passés de 17 millions de dinars en 2004 à 24,5 millions de dinars en 2005. « Ces sommes, collectées en 72 heures seulement, ont été distribuées au profit de 170 000 familles nécessiteuses, lesquelles ont bénéficié entre 500 DA et 5000 DA. » Revenant sur la question de la zakat de la Achoura, M.Mesdour a précisé que les spécialistes ont, sur la base de calculs précis, montré que si les Algériens s'acquittaient de la zakat de l'Achoura, la moyenne du montant collecté pourrait atteindre 11 milliards de dinars, soit 2,5 milliards de dollars. « Cette moyenne est en fait en deçà du montant réel, parce que dans les calculs du PIB établis par la Banque mondiale, le secteur informel où circule le plus d'argent et où se concentre le plus gros des richesses n'a pas été pris en compte. Nous savons que certaines richesses en Algérie sont inestimables. Nous avons eu un cas qui, à lui seul, a donné 20 millions de dinars et dépensé 250 millions de dinars dans le même cadre. Le ministère encourage donc ces gens à s'acquitter de la zakat, qui est un devoir religieux pour les musulmans. Il veut également faire participer les Algériens vivant à l'étranger en les incitant à verser leur zakat en Algérie, comme le font la majorité des ressortissants musulmans à travers le monde. Des spots publicitaires sont diffusés régulièrement sur les chaînes de télévision appelant notre communauté à s'impliquer dans l'aide des nécessiteux et des chômeurs en Algérie », a déclaré M. Mesdour, précisant que l'opération de la collecte de la zakat débutera jeudi 9 février qui coïncide avec le 10e jour du mois hégirien, El Achoura, et se poursuivra jusqu'au jeudi 31 mars, pour être distribuée aux nécessiteux. Puis elle reprendra au mois de septembre et durant la moitié du mois de Ramadhan, et le jour de l'Aïd, pour être distribuée juste après le mois du jeûne. M. Mesdour a tenu à relever que la zakat « ne concerne que le privé, parce que l'islam part du principe que l'Etat gère les deniers publics, qui sont la propriété de la collectivité et sont donc déchargés de l'impôt ».