ALGER - La Ligue arabe qui tente de résoudre pacifiquement la crise syrienne, examine actuellement les "nouvelles conditions" posées par Damas comme préalable à la signature du protocole relatif à l'envoi d'observateurs en Syrie, en proie à un mouvement de contestation du pouvoir en place. Dans un courrier envoyé dimanche soir au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, le gouvernement syrien a annoncé, par le biais du porte-parole du ministère des Affaires étrangères que "la Syrie a répondu positivement à la question de la signature du protocole" arabe tout en demandant "quelques amendements mineurs" qui ne touchent pas au fond du protocole. Pour sa part, Nabil al-Arabi, qui a confirmé avoir reçu une lettre dans ce sens, de la part du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, a affirmé que son organisation examinait la réponse de Damas. "Le chef de la diplomatie syrienne a envoyé une lettre au secrétariat général de la Ligue arabe où il dit que la Syrie acceptait de signer le protocole sur la mission d'observateurs arabes", a indiqué lundi M. al-Arabi à la presse."Mais il a posé des conditions et effectué des requêtes" qui sont "étudiées actuellement, en consultation avec le conseil ministériel" de la Ligue arabe, a-t-il précisé. Pour signer le protocole arabe qui a fait l'objet de plusieurs ultimatums de la Ligue arabe, les autorités syriennes souhaitent que le document soit signé à Damas, et veulent obtenir l'assurance que toutes les sanctions économiques arabes prises contre la Syrie seraient considérées "nulles et non-avenues", une fois le protocole signé, selon les précisions du porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdissi. En outre, Damas veut aussi que la Ligue arabe fasse preuve de "neutralité et d'objectivité" dans la gestion de la crise syrienne, déclenchée mi-mars, selon le porte-parole. "Nous estimons que la voie est libre pour une signature immédiate (du document) et nous sommes convaincus que les amendements mineurs demandés par la Syrie permettront de faciliter la mission des observateurs de la Ligue arabe et d'en faire un succès, afin de trouver une solution arabe à un problème régional arabe", a insisté M. Makdissi. Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, a en outre, insisté sur le fait que les modifications demandées ne remettaient pas en question la nature de la mission d'observation, mais concernaient uniquement des "questions de procédure et de logistique". Par ailleurs, il a estimé que le règlement de la crise syrienne nécessitait l'examen des causes de son déclenchement qui, à ses yeux, "ne sont pas seulement liées aux réformes", mais aussi aux "armes transférées en Syrie, aux médias qui veulent pousser (à l'escalade) et à une opposition qui refuse de dialoguer" avec le gouvernement. La Syrie avait accepté début novembre un plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe, prévoyant l'arrêt des violences, la libération des prisonniers et l'ouverture du pays à des observateurs arabes. Mais faute d'application de ce plan, la Ligue arabe a adopté le 27 novembre une série de sanctions sans précédent à l'encontre de l'un de ses membres, qui comprend notamment un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes. Ces mesures viennent s'ajouter aux sanctions économiques européennes et américaines imposées à Damas. Dans ce contexte, le géant pétrolier français Total a annoncé la suspension de ses activités en Syrie afin de se conformer aux sanctions européennes. Une décision similaire a été prise auparavant par la compagnie pétrolière Shell. La Turquie, voisine de la Syrie, a emboîté le pas en décrétant un gel des transactions avec Damas et entre les banques centrales turque et syrienne. En réponse à ces mesures, le gouvernement syrien a imposé une taxe de 30% sur tous les produits turcs importés en Syrie, ainsi que des charges sur le fuel et le passage des véhicules turcs.