ALGER - Un gouvernement d'entente nationale a été annoncé officiellement mercredi au Yémen, et devait prêter serment devant le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi qui a convoqué une élection présidentielle anticipée pour le 21 février 2012 conformément à l'accord du transfert du pouvoir signé à Ryadh. Dirigé par l'opposition en vertu d'un plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe, "le gouvernement a été formé et il sera annoncé officiellement dans la soirée", a déclaré le Premier ministre yéménite désigné, Mohamed Basindawa. "Il y a eu un accord sur les noms" des titulaires des différents portefeuilles que se partagent à parité l'opposition et le Congrès populaire général (CPG), actuellement au pouvoir, a ajouté M. Basindawa, chef de l'opposition. L'opposition a obtenu notamment les ministères de l'Intérieur, des Finances, du Plan et de la Coopération internationale, de l'Information, et des Droits de l'Homme, avait indiqué récemment son porte-parole, Mohamed Qahtane. Pour sa part, le CPG, au pouvoir, gardera entre autres les ministères de la Défense, des Affaires étrangères, du Pétrole, des Télécommunications, et du Service civil, avait-il ajouté. M. Basindawa avait été chargé le 27 novembre dernier par décret de former un gouvernement d'entente nationale pour la période intérimaire précédant le départ du président Ali Abdallah Saleh, prévu en février aux termes d'un accord portant transfert du pouvoir et conclu le 23 novembre à Ryadh (Arabie saoudite). Le nouveau gouvernement devra prêter serment devant le vice-président, en charge de la période intérimaire, en vertu de l'accord élaboré par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et qui prévoit le départ du pouvoir du président Ali Abdellah Saleh dans un délai de 90 jours en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches. Le vice-président M. Hadi a également formé une commission militaire de 14 membres qui, sous sa présidence, a pour mission de restructurer les forces de sécurité, contrôlées en partie par des proches du président Saleh, et de retirer les armes des rues, selon l'accord signé à Ryadh. La formation du gouvernement d'entente nationale et la convocation d'élection présidentielle anticipée constitue d'importants pas vers une sortie de crise au Yémen, où les violences continuent d'émailler des manifestations anti-gouvernementales, faisant de nouvelles victimes. Mardi, un civil a été tué par un obus qui a frappé un bus à Taëz (sud), portant à 34 le nombre de morts depuis une semaine dans des violences dans cette ville, dont l'opposition a rendu le président Saleh responsable. A Sanaa, de brefs affrontements ont opposé dans la nuit de lundi à mardi des combattants tribaux ralliés au mouvement de contestation à des miliciens fidèles au président Saleh, sans faire de victime, selon les médias. Par ailleurs, trois personnes ont été tuées dans une attaque armée menée mercredi par des fondamentalistes, selon les agences de presse. Cette attaque a été lancée à Dammaj, au sud de Saada, où les rebelles fondamentalistes, regroupés dans une école, sont encerclés depuis près de deux mois, selon les mêmes sources. Préoccupée par ce climat d'insécurité sévissant au Yémen, le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) a condamné mardi "l'usage disproportionné et continu de la force de la part des forces de sécurité gouvernementales contre les manifestants" dans ce pays. Le HCDH a appelé à la cessation des violences et du recours à la force. "Les tueries doivent cesser immédiatement et nous exhortons toutes les parties à cesser d'avoir recours à la force", a insisté le porte-parole du HCDH, cité dans le communiqué.