JIJEL - Un hommage appuyé a été rendu mercredi à la wilaya II historique, à Jijel, par l'association "Mechaal Echahid" dont les membres se sont déplacés, trois jours durant, dans des hauts lieux de la lutte de libération nationale. Placée sous le signe "caravane de la mémoire de la nation", cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts entrepris par cette association afin de pérenniser les moments forts de la glorieuse Révolution, a indiqué son président. Selon Mohamed Abad qui conduisait cette caravane forte de vingt deux (22) membres, "il s'agit de porter le message aux nouvelles générations pour leur expliquer la grandeur et la portée de la lutte armée de libération nationale dont le peuple fut l'artisan et le génie". La conférence animée, mercredi en fin de soirée, au siège de la commune de Jijel, par Boudjemaa Souilah, sous le titre "La portée populaire de la lutte de libération", résume la symbolique du combat du peuple algérien pour sa liberté. Le choix de Jijel intervient au regard du fait que cette région fut le siège de la wilaya II historique, avec des noms prestigieux, à l'image de Didouche Mourad, Zighoud Youcef, Abdallah Bentobbal, Ali Kafi et Salah Boubnider qui se sont relayés à la tête de cette instance jusqu'à fin 1962. Le moment fort de cette visite aura été, incontestablement, le déplacement de la caravane dans la petite bourgade montagneuse et rurale de'Ouled Askeur, sortie de l'anonymat, par une stèle érigée sur un contrefort, pour rappeler que cette localité fut le siège de la wilaya 2 pendant les années de feu. Rencontré sur les lieux, un ancien Moudjahid, Ferhat Bouchair, s'est dit "fortement ému" de se retrouver "en pèlerinage" sur les lieux où il a combattu, tandis qu'un autre moudjahid, Bachir Zait, dit Mahfoud, tout en soulignant la nécessité de préserver ces lieux et d'inculquer leur signification à la jeunesse montante, a évoqué des détails poignants se rapportant à cet endroit historique. Fin février 1958, pas moins de 157 avions de guerre de tous types ont survolé cette région qui a abrité une réunion des chefs de la Révolution. "C'était l'une des plus grandes attaques à l'échelle nationale à l'époque", a rappelé ce Moudjahid encore très alerte malgré l'âge. Non loin de là, et plus précisément à Ghedir El Kebch, une stèle commémorative immortalise une bataille qui a eu lieu en 1956 entre soldats de l'armée coloniale et Moudjahidine. Ces derniers étaient conduits, selon des témoignages, par Amor Guerfi, alias "Moustache", décédé en 1957, non loin du chef-lieu de la commune d'El Ancer. Une autre stèle au Douar M'cid (commune de Bouraoui Belhadef) rappelle aussi la mort de neuf (9) moudjahidine, tombés au champ d'honneur lors d'une bataille qui s'est déroulée le 11 mai 1956 lors d'une embuscade tendue par des moudjahidine à des soldats de l'armée coloniale. Un autre moment fort a été la visite du plus grand cimetière de chouhadas d'Algérie, celui d'El Milia en l'occurrence où sont recensés 1.409 noms de martyrs tombés au champ d'honneur durant la guerre de libération nationale. C'est à El Milia, décrétée "zone interdite" à l'époque, que le général Charles de Gaulle a failli "laisser des plumes" lors d'une visite dans la région, en novembre 1959, rappellent des moudjahidine. Un représentant local de l'Organisation nationale des enfants de Chouhadas (ONEC), Azzedine Oucief, qui a énuméré quelques batailles vécues par cette "citadelle imprenable", a rappelé qu'El Milia était la capitale du Nord Constantinois, puis la plus grande daïra (sous-préfecture) d'Algérie. Durant leur séjour dans cette wilaya, les membres de l'association "Mechaal Echahid", accompagnés de Moudjahidine et de citoyens anonymes, devaient visiter un certain nombre de sites historiques ainsi que les habitations où sont nés ou grandi des figures emblématiques du mouvement national algérien, à l'image de Ferhat Abbas, dit Mekki, premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Mohamed Seddik Benyahia (ancien ministre des Affaires étrangères) et du Commandant Hocine Rouibah (ancien commissaire politique de la wilaya II). Dans ces contrées situées à près de 1.000 mètres d'altitude par rapport au niveau de la mer, une multitude de bourgades traversées par des chemins en épingles à cheveux, la fierté et la dignité des populations se lit sur leurs visages. Des hommes à la mémoire encore vivante et vivace, retracent, comme si c'était hier, des dates et des évènements vécus pendant la guerre de libération nationale. Certes les conditions de vie y sont dures, surtout en période hivernale, mais les citoyens croient dur comme fer que les fruits du développement socio-économique emprunteront ces sentiers, où la nature incite à méditer autour de ce que furent ces contreforts de la résistance héroïque du peuple algérien.