WASHINGTON - La Banque mondiale prévoit une chute de 16% des investissements directs étrangers (IDE) dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) en 2011, contre une baisse de 7% en 2010. Ce recul des flux d'investissements étrangers résulte non seulement des risques engendrés par les bouleversements politiques qu'ont connus plusieurs pays de cette région durant l'année en cours, mais aussi du ralentissement économique et de la crise financière qui touchent une grande partie des pays de l'OCDE, indique l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA, filiale de la BM) dans un rapport publié jeudi. Intitulé "investissement mondial et risques politiques", le document souligne qu'avec l'effet négatif de la tourmente politique sur les IDE dans plusieurs pays de la région MENA, l'attitude des investisseurs a varié entre le maintien de leurs projets et leur retrait "de crainte que l'instabilité politique ne s'intensifie et ne se prolonge", et ce, sans compter les autres risques souvent appréhendés par les investisseurs : risque d'insolvabilité du pays, hausse de l'inflation et creusement des soldes des comptes courants et des déficits budgétaires. Dans un sondage qu'elle a réalisé avec des investisseurs étrangers, la MIGA rapporte que 31% d'entre eux n'ont pas modifié leurs plans d'investissements dans la région MENA, alors que 23% ont placé leurs projets en attente et 18% ont décidé de reconsidérer leurs projets. En outre, 11% ont annulé carrément des projets pour de futurs investissements, 9% examinent l'engagement de nouveaux investissements, 6% ont retiré une partie de leurs projets investis, tandis que 2% ont augmenté leurs investissements. "La stabilité est essentielle pour convaincre les investisseurs à reprendre leurs investissements", note cette agence de la BM qui précise aussi que les récents événements ont également affecté le tourisme et les autres activités économiques dans la région MENA dont le taux de croissance devrait fortement baisser pour s'établir à 1,7% en 2011 contre 3,6% en 2010. Elle relève, par ailleurs, qu'avec les liens étroits en matière d'investissements et de commerce entre l'Union européenne et la région de l'Afrique du nord en particulier, cette tendance est susceptible d'affecter les perspectives à court terme des IDE en raison de la grave crise économique et financière que traverse actuellement l'UE. Dans ce sens, la MIGA avance que les flux des IDE dans la région MENA devraient diminuer jusqu'à 2012, avant de connaître un essor à nouveau en 2013, à condition de l'amélioration de la situation en Union européenne et de la rapidité du rétablissement de la situation politique au MENA, car "l'investissement est plus lent à récupérer que la croissance", explique-t-elle. Sur le moyen et plus long termes, poursuit-elle, les facteurs économiques et démographiques de la région (population de 450 millions d'habitants dont 90 millions âgés entre 15 et 25 ans), devraient "attirer les investisseurs étrangers à condition d'une meilleure gouvernance et d'un cadre favorable pour le climat des affaires". Concernant le montant des IDE engagés durant la dernière décennie dans la région MENA-hors Conseil de coopération du Golfe, la MIGA indique qu'il avait connu une accélération en passant de 10 milliards de dollars en 2003 à 22,7 milliards de dollars en 2010. Pour l'Algérie, les IDE sont passés de 630 millions de dollars en 2003 à 2,29 milliards de dollars en 2010, l'Egypte de 240 millions de dollars à 6,4 milliards de dollars et le Liban de 2,86 milliards de dollars à 4,95 milliards de dollars, précise-t-elle. Pour ce qui concerne l'Afrique subsaharienne, les IDE ont atteint 31,1 milliards de dollars en 2010 contre 13,3 milliards de dollars en 2003 avec le Nigeria en tête pour un montant de 6,05 milliards de dollars en 2010 (contre 2,01 milliards de dollars en 2003). Au niveau mondial, les IDE se sont chiffrés à 1.307 milliards de dollars en 2010 (contre 646 milliards de dollars en 2003) répartis entre 800 milliards de dollars d'IDE dans les pays développés (contre 493 milliards de dollars) et 507 milliards de dollars dans les pays en développement (contre 153 milliards de dollars).