TUNIS De "profonds" tiraillements notamment entre l'opposition et l'alliance de la majorité ont dominé les débats de l'assemblée constituante tunisienne qui examine actuellement le projet de loi organisant les pouvoirs publics. L'opposition considère que le projet de loi organisant les pouvoirs publics ne "rompt" pas avec l'ancien régime car il "consacre la domination" de l'alliance de la majorité sur le pouvoir et est conçu selon les critères des partis "vainqueurs des élections". L'opposition a accusé l'alliance de la majorité à l'assemblée constituante de "faillir aux engagements faits au peuple tunisien" en allongeant la durée de l'assemblée constituante qui "n'a pas été élue pour durer dans le temps mais pour élaborer la nouvelle constitution et l'organisation des élections présidentielle et législatives". L'opposition qui estime que le pays a besoin d'une stabilité politique, économique et sociale, a fait observer que la non limitation de la "durée de la constituante signifiait l'allongement de la période de transition". L'alliance de la majorité comprend le mouvement "Ennahdha"(89 sièges), le parti du "congrès pour la liberté" (29 sièges) et le parti "Ettakatol" (20 sièges). Le mouvement Ennahdha a réfuté les accusations de l'opposition et insisté sur "l'engagement" de l'alliance quant à la durée de l'assemblée constituante fixée à une année seulement pour élaborer la nouvelle constitution et gérer les affaires du pays jusqu'aux prochaines élections. Le candidat du mouvement "Ennahdha" au poste de chef du gouvernement Hammadi El Djibali a accusé "des parties dans l'opposition" d'exercer des "pressions" sur son parti avant la formation du nouveau gouvernement en organisant des mouvements continuels de protestations devant le siège de l'assemblée constituante. Il a, dans ce contexte, souligné la détérioration de la situation sécuritaire en Tunisie du fait des sit-in, des grèves et des actes de violence dans de nombreuses régions du pays, mettant en garde contre ce qu'il a appelé "le vide politique que connaît le pays". L'adoption du projet de loi organisant les pouvoirs publics permet aux membres de l'assemblée constituante d'approuver le poste de président de la République qui doit, à son tour, désigner le chef du gouvernement,(candidat du mouvement "Ennahdha") et l'annonce du nouveau gouvernement, "devenue urgente" au regard de la dégradation de la situation socio-économique du pays, selon les députés.