Les concertations entre les différentes formations politiques tunisiennes ayant remporté les élections de l'Assemblée constituante se poursuivent en vue de former un nouveau gouvernement et définir les grandeslignes de son programme. Le parti islamique Ennahdha de Rached Ghannouchi a remporté les élections avec 90 sièges dans l'Assemblée constituante sur 217 soit 41,47% des suffrages suivi du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) avec 30 sièges puis Ettakattol (Forum démocratique pour le travail et les libertés, FDTL-gauche) avec 21 sièges. Le président de la République par intérim Foued Mebazaa devrait convoqué prochainement la tenue de l'Assemblée constituante une fois que les recours seront tranchés par le tribunal administratif marquant ainsi l'avènement de la deuxième République en Tunisie après 55 ans de régime du parti unique. Les partis les plus représentés au sein de la Constituante ont été unanimes à affirmer que la semaine prochaine sera décisive, dans la mesure où elle révèlera la composition du prochain gouvernement et les principaux axes de son programme d'action. La composition du prochain gouvernement sera déterminée par les formations les plus représentées au sein de la constituante, le Mouvement Ennahdha, le Congrès pour la République (CPR) et le parti Ettakatol et même le parti démocrate progressiste (PDP) à condition qu'il revienne sur sa décision de rejoindre l'opposition, a déclaré M. Nourredine Bhiri, porte-parole du Mouvement Ennahdha. Pour Samir Ben Amor, représentant du Congrès pour la République (CPR), les négociations se poursuivent entre le mouvement Ennahdha et le parti Ettakatol pour constituer un gouvernement qui dirigera les affaires du pays pour la prochaine période. Le gouvernement doit être composé des principales formations gagnantes aux élections avec «la possibilité d'inclure» d'autres partis n'ayant aucun lien avec l'ancien régime. Les contours de la composition de ce gouvernement seront dessinés au début de la semaine prochaine, a-t-il précisé. Ce gouvernement de coalition, tel qu'il a été envisagé par le CPR, a-t-il espéré, doit être un «gouvernement politique par excellence» qui ne se contente pas uniquement de la gestion des affaires courantes, un gouvernement qui engagera des réformes dans tous les domaines. Quant à Mohamed Bennour, porte-parole officiel du parti Ettakatol, il a précisé que la participation de son parti au prochain gouvernement est tributaire d'un consensus autour de ses programmes, plaidant, à ce propos, en faveur de la constitution d'un «gouvernement d'intérêt national» qui doit remplir un mandat d'une année depuis la date de sa composition. Pour sa part, le secrétaire général du parti «Ettakatol», Mustapha Ben Jaafar avait souligné l'impératif de respecter l'éthique dans l'action politique et partant, respecter les principes «d'ouverture, d'attachement à l'identité et la modération», plaidant pour «l'instauration du dialogue» avec tous les partis élus au sein de la constituante pour la formation d'un gouvernement «d'intérêt national», à travers «l'implication de toutes les compétences sans exclusive». Ettakatol ne renoncera pas aux acquis sociaux et culturels réalisés en Tunisie, ni aux libertés fondamentales quelles que soient les conditions» au sein de l'Assemblée constituante, a estimé M. Ben Jaafar, soulignant l'importance d'aller de l'avant pour atteindre une égalité totale entre les deux sexes. Ennahdha doit concrétiser son discours fondé sur la tolérance et l'ouverture lors de la rédaction de la nouvelle constitution, mission principale de la constituante, a-t-il précisé. L'Assemblée constituante doit élire son président et ses députés, se mettre d'accord sur son règlement intérieur et le régime à adopter durant la deuxième période de transition avant de désigner un nouveau président par intérim en remplacement à Foued Mebazaa.